lundi 18 juin 2012

La roue de l'écureuil.*

Dessins de René BOUSCHET (R&B).
 … le lundi 18 juin 2012 :
-Ca y est, je suis bien en prison à Nîmes. Et je cours derrière les barreaux


Dimanche 17, fête des pères. Levé tôt, lavé et rasé en prévision de la messe de 11 heures avec Rolando. Une rencontre personnelle avec Dieu, mater ses créatures et tenter de pécho les nanas. Pécho, chopper, attraper. Que l’on nous comprenne : nous sommes à jeun !
Café-journal aux "Cévennes" avec ma compagne Noémie, puis ballade aux "Châtaigniers". Rencontrons Américo qui nous dit :
-Viens-tu aux Puces de Rochebelle ? Lorsque nous revenons au Vigan, à 100 mètres de chez-moi :
-Les flics, Américo, c’est pour moi ! Sûr ! Fais pas le con, dégage ! 
-Viens, on va voir ! que me dit l’autre vilain…
-T’es taré, ou quoi ! Prends le Bourilhou.
Américo me largue aux "Châtaigniers" avec ma chienne : 
-Je vais faire un tour vers chez-toi. Je te dirai… attends-moi.
Je reçois plusieurs appels masqués, insistants. Je n’y réponds pas. 
-C’est bien pour toi qu’ils sont-là ! C’est quoi ce bordel, un dimanche… les enc..lés !
Messieurs de la Maréchaussée, veuillez excuser le langage de corps de garde de mon ami Americo : il est portugais ! Poète, soit, mais poète portugais tout de même ! Grossier. Particulièrement grossier.
Américo nous invite, avec Rolando, à manger. De la pasta italiana. 
-Je peux te cacher, si tu veux ! 
-T’es pété, ou quoi… 
-Mon pauvre vieux ! me plaint Rolando.

J’appelle Julie qui s’inquiète pour son papa d’amour. Vers 15 heures, je vais rue Pierre Görlier, téléphone et, les gendarmes, à l’écoute, viennent me cueillir. Je laisse Noémie seule, re-téléphonons à Rolando et Julie. Je laisse la porte ouverte. 
(Ndlr : La vilaine a été prévenue dès le 15 juin par le capitaine Del… que les gendarmes me mettraient en prison le 17. Faisait-elle le guet pour les prévenir ?)
Formalités à la gendarmerie, longues, très longues, signatures : une trentaine ! Enfermement à 17 heures, repas 19h30. Colin ou chili. Mauvaise pioche d’un chili con-carné-armée-française plus que dégueulasse. 
-C’est l’ordinaire de l’armée ! Voilà pourquoi on perd toutes les guerres, nous les français ! Rapport à la malbouffe.
18 juin Waterloo, morne plaine. Réveil. Un Choco-BN. Je refuse. Un café mauvais. 7h45, vers Alès. Départ en Mégane avec un Adjudant-chef et une petite "gendarmette". Le substitut, nous fait attendre plus d’une heure : le monsieur s’était fait "éducateur" pour la visite de son antre à une maman et son fi-fils. On est un monsieur important. Qui ? Monsieur le substitut !
Monsieur le substitut-éducateur va montrer son autorité : 
-Non, Monsieur : vous ne vous êtes pas présenté au Tribunal !
-… 
-Vous n’avez pas téléphoné à l’avocate d’office. Vos conclusions ? Au substitut X ? 
-… 
-Vous êtes dangereux, vos lettres sont menaçantes. Vous n’avez pas été condamné pour vos lettres. Mais pour votre dangerosité ! 
-…
-En prison, Monsieur Patrice. Signez ici. 
Direction Nîmes avec mes deux gendarmes quelque peu interloqués. Il m’a semblé entendre : 
-Quel con ! Je demande à l’adjudant-chef de me faire un cadeau pour mes 65 ans, le 26 juin :
-Choppez l’amant de mon ex qui conduit sans permis ! Je lui tapisserai gratis son bureau.  
(Ndlr : ma lettre de dénonciation a été fournie à l’avocate adverse et placée contre moi dans la procédure de l'Appel. Merci qui ? Le capitaine , Botéro ? Pas très légal, tout ça). 
Cà le fait rigoler, l'adjudant.
-Dites à Madame-ex que je suis en taule. Rassuré, son Bébert roulera plus serein, sans permis.
-Je ne vous garantis rien. Je l’avais déjà attrapé le jour de l’an. La gendarmette rigolait ! 
-Mr Patrice, vous êtes impayable… et elle aimait rire.
Arrivée à la Maison d’Arrêt de Nîmes vers 11h 20. Formalités. Photo. Et n°22352 sur l’écriteau tenu près du cou.
J’y apprends que je serais suicidaire. On m’offre un jogging. Fouille sommaire.
Je sais que le responsable-fouille est protestant. Enfin, je crois le savoir à sa façon de regarder le petit pin que je porte sur mon T-shirt.
On me donne deux couvertures, deux slips, des t-shirts, des tongs, du savon qui pue la merde, du dentifrice qui coule, de la crème de rasage et des rasoirs, du papier-Q et à lettres, stylos, peigne, enveloppes…, deux assiettes, une cuiller et fourchette en acier-mou (si, si, ça existe !), couteau-cuivre (ça existe aussi, la preuve !), serviette et torchon, gant de toilette (qui déteint grave, les deux slips aussi).
Je mets le tout dans une grande taie de matelas bleu-de-France et, hop !
-Appuyez sur le bouton à la grille. Tout droit. Un gars au fond du couloir, à droite. 130 mètres.
Plusieurs grilles. Au milieu du long couloir, un défibrillateur. Je me dis que le temps de dé-lourder toutes les portes et grilles, le cardiaque, il ne l’est plus du tout.
Et me voici aux "Arrivants", en cellule avec Olivier de son prénom. Son nom veut dire le Pauvre dans une langue étrangère. Rien ne s’invente en prison. Tout est vrai et irréel. Ensuite, je serai avec "Rmissi".

Deux gifleurs en cellule : Une soirée arrosée, elle le griffe, il la gifle sommairement, lui écrit quelques méchancetés par SMS… et hop, hop ! En prison ! Pauvre homme ! Un an ferme… ta gueule !
Moi, j'ai plus de la chance : deux gifles, seulement un an ferme. Deo gratias !



     

    

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