dimanche 9 septembre 2012

Peacemaker 73.*


LETTRE A CARINE ET AMERICO. 9 septembre 2012. En panadé je suis.

Bonjour Carine, Bonjour Américo,
                quelque nouvelles de Nîmes, chef-lieu du Gard, ville hautement touristique avec ses ruines et ses monuments romains.

Disons que la ville va mieux depuis que nos juges ont décidé d’écumer l’endroit de la caillera des faubourgs avec sa prison située à l’endroit idoine du Chemin-bas d’Avignon, lieu mythique de la mal-vie arabo-franco-hispanique. 
Quant à moi ? Y en a aller bien, malgré tout.

On m’a mis dans une cellule de 6 (chargée uniquement à 5). Les cellules à deux s’appellent les DEUX-COUPS. La cellule à six est la SIX-GUN. D’autres la nomment la REALLY-RIOT-GUN. Chargée à 5, c’est la PEACEMAKER 73 (voir à PS).
Il m’avait semblé que je n’avais pas été condamné avec d’autres que moi-même, et donc, pourquoi me punir dans des conditions de fou, n’est-il pas ?

Imaginez : je cours tous les jours dans la cour, pieds-nus. Alors, vers 21 heures parfois et 23 heures en général, je m’endors fatigué de ma course éperdue vers la porte de la prison. C’est comme quand tu randonnes en montagne : le sommet (ici la porte) se met à s’éloigner au fur et à mesure que tu avances, d’où l’expression fameuse :
-Quand j’avance, tu recules. Désespérant Aussi, comment veux-tu !

Donc, tu es crevé. Les quatre autres, souvent sous cachets, etc, pas fatigués de leur journée, n'ayant rien fait de leur vie, ne sont pas sortis pour s’oxygéner et, bien reposés, paressent sur leur lit, télés allumées à giorno.

Dans la cellule, on a deux télés. Quelqu’un a imaginé de regrouper deux cellules de deux et, après avoir enlevé un chiotte et une douche, placé 6 lits, 5 armoires, 3 tables. Un truc de fou. Plus deux frigos table-top ! Perte de place, sauf si tu mets un frigo sur l’autre. N’ont pas pensé au grand frigo (ils ont créé les cellules de 6 après l'achat des table-top !).

Moi, je n’ai pas dormi de 1 heure à 7 heures du matin. A 7 heures, un des noctambules demande de baisser la télé : Sal…ah aimerait bien se reposer de sa nuit de veille. Je réponds que non. Il pète un plomb et m’agresse physiquement. Bon. 
Le mec est handicapé par des broches, pieds et les mains gonflées par la méthadone, plus une belle tête d’abruti. Si tu te défends, tu prends un rapport et attrape de la taule en plus.

Depuis, on m’a transféré dans une nouvelle résidence principale. Je campe car je dors par terre. Mais c’est la meilleure cellule que j’ai trouvée depuis que je suis embastillé en ces lieux inhospitaliers, ces lieux oubliés de Dieu et des hommes, ces lieux infréquentables que j’ai l’honneur de hanter.

Les gardiens, y en avoir des sympa. D’autres (rares) plus grogneugneu. Mais ça-va-bien-merci-et-vous ? 
Je vous envoie des timbres. C’est cadeau. J’essaierai de vous en envoyer d’autres.
Américo, va voir ma voisine de Pont-d’Hérault et rassure-la. Je sors le 17 ou 18/10. J’ai un avocat grâce à Julie et Claire (1). Si tu vois miss-caca, explique-lui que j’ai pris un gentil avocat et que les 12.000 euros, elle mettra son cu-cul par dessus. Comme on dit, cela fait un tas : bien profond, en plus (pas le tas).

Donc, ça va bien ici. J’espère que la vie est bonne pour vous. Bisous, Gilles. An de Grâce 2012, le 9 septembre. 

PS : Le Peace-maker était dangereux et donc ne se chargeait qu'à 5 chambres. La sixième chambre, au droit du canon était toujours vide et contenait l'argent du cow-boy. 

1) L’avocat, on ne sait pas s’il est bon. Mais il ne fait rien ! Donc, il est peut-être bon? Va savoir !
En fin de compte, il est plus que mauvais. Il est d'Alès. Je peux vous renseigner, au besoin.


Dessins de René BOUSCHET (R&B) : Ben, moi, ces nouvelles tenues à rayures circulaires, ça me branche pas. 

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