vendredi 8 mars 2013

Oh Agatha, ma chienne* !


Je n’ai jamais aimé que les chiennes et, notre premier sujet de discorde, avec ma Fanny aura été Agatha.

Il faut savoir que ma compagne n’aime que les gros. Et chiens de préférence. 
Or, Agatha est toute petite, Agatha ma chienne adorée.

Ce dimanche ensoleillé, nous nous promenions autour de Cap-de-Coste, sur le chemin qui mène à la source puis contourne la montagne et va jusques aux cascades de l’Orgon. Nous nous sentions amoureux, nous tenant par la main, l’un derrière l’autre, par cause de l’étroiture du chemin.
On peut dire étroiture ou étroitesse ? Disons que le chemin de Cap-de-Côte ne permet pas la marche côte-côte.

Donc, en notre promenade, nous avons rencontré deux grands et beaux chiens. Genre dogues d’Allemagne (grands danois, si vous préférez). Pour ma part, contrairement à Fanny, je n’aime que les belles petites chiennes parce que tout ce qui est petit est mignon ! 
Vous dites ? Je vous l’aurais déjà dit ? Parfaitement ? Ah !

Et voilà que mon Agatha, délaissée, se laisse aborder par ces deux grands chiens au goût de Fanny mais pas du mien, ni de celui d’Agatha, il me semblait. Des chiens vraiment grands et forts, mais brouillons dans leurs préliminaires. 
Disons que les préliminaires se doivent d’être…
-Pardon, Fanny, tu disais ?
-Chéri, regarde. Ils viennent vers moi.

-Je pense, Fanny chérie, que ces petits monstres sont plus attirés par notre Agatha que par toi. Ou bien, seraient-ils beagles ?
-Excusez-nous, madame, monsieur. Nous allons rattacher nos…
-Allons, allons, Messieurs. Laissez ces gentils garçons. Ils ne font que s’amuser avec notre fille !
-Peut-être chérie. Mais je rattache Agatha… viens ici, chérie que je t’attache. Ici, à moi ! A moi !

Un amusement ? Où voyait-elle cela ? Fanny use parfois d'expressions limites... et ce qui devait arriver arriva : le rouge aux joues d’un des messieurs qui semblait plus timide que l’autre.

Tu parles d'un jeu. Les deux garnements n’avaient pour unique fin que d’essayer de se payer notre Agatha. Tout le monde ne pensait qu’à tirer. Agatha sur sa laisse pour ne pas laisser faire et les molosses pour faire son affaire à notre chienne, notre petite chienne qui… 
...eh bien, Messieurs, pour m’exprimer eu un mot comme en cent notre petite Agatha refusait de donner suite aux sollicitations de la gent canine.

On peut dire gent en parlant de chiens ? Vous en êtes sûr ? Ah bon ! Eh, oui, on apprend à tout âge.

Et ma Fanny, la situation la faisait rire aux éclats, elle qui aime ces moments de grand embarras où, plus les choses partent en vrille, plus elle les attise. Et, plus elle poussait à la roue, plus la gêne de ces messieurs la ravissait.
Elle aurait été comédienne dans une autre vie que cela ne m’étonnerait pas !

-Voyons, messieurs, ne retenez pas vos chiens. Notre Agatha est capable de se défendre toute seule. Et vertueuse, en grande dame !
Plus elle riait, plus le monsieur timide devenait rouge et moins il regardait la scène des ébats publics.
-Chéri, me disait Fanny, tu préfèrerais que ce soit le blanc ou le noir…
-M’enfin, chérie !
-Et Agatha, lequel aimerait-elle le plus ?
-Fanny, tu insupportes ces messieurs !

-Messieurs, vous pouvez rassurer mon mari. Vos chiens ne pensent qu'à jouer, n'est-ce pas ?
-Enfin, Fanny… Tu nous mets dans l’embarras, à la fin.
-Messieurs, si je vous suis d’une quelconque gêne, dites le moi !
-Mais, non, Madame, disait le moins rougissant. Mais non !
-Ah ! Vous me rassurez. Tu vois bien Gilou que le mal n’est pas partout !

-Quand tu auras fini, chérie…
-Mais, dis-moi, chéri, en parlant de mâles, ne penses-tu pas que ta chienne se taperait bien les deux ?
-Fanny, tu deviens impossible, à la fin !
-Ah, tu vois bien, Gilou que tu es plus bégueule que ces messieurs ? Qu’en pensez-vous ? Me donnez-vous raison ?

Pendant que Fanny faisait sa fofolle, un des dogues avait réussi à coincer, avec ses pattes et sa masse, Agatha contre ma jambe et tentait de se la faire à la clébarde.

-Messieurs, s’il vous plaît. Serait-il de votre bonté de retenir vos chiens. Ils risquent de faire grands dégâts à ma petite chienne.
 -Oh, chéri, comme tu causes. Serait-il de votre bonté, monsieur mon Gilou, de me faire grands dégâts ce soir en notre chambre close ? Oh ! oui, chéri. Et grand merci, mon bon ami !

-Messieurs, veuillez excuser ma femme. Elle vient de sortir de Font d’Aurèle !

Et, en aparté, en baissant la voix :
-Tu verras, Madame mon amour, je te donnerai la fessée à la Brassens, ce soir. Promis, juré !

Et Fanny rigolait encore et encore. Et le monsieur tant timide regardait à ses pieds, ne sachant toujours pas quelle contenance prendre. Et l’autre monsieur nous regardait étrangement. Je crois qu’il commençait à penser que Fanny avait vraiment du chien.

Du chien ? De la chienne ? Va savoir. Mais elle semblait lui plaire telle quelle. Ah ! le dogue d'Allemagne !

De mes « Cévennes » viganaises, ce 20 février de l’An de Grâce 2012. A Noémie, ma petite chienne ! Et à Monsieur P. PAT. le monsieur pivoine de cette histoire et qui reconnaîtra son apport. Merci.

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