mercredi 27 avril 2016

L'enfant-roi - 4

Le roi et l'enfant. 

Dans cet épisode, le roi François, fatigué d'avoir créé l'obligation scolaire pour les garçons et filles quelques siècles avant Jules Ferry se posait toutefois questions sur le bien fondé de son édit puis, fatigué de ne rien faire délèguera tout comme ces parents qui ne savent que renvoyer leurs enfants à d'autres et à leurs chères études : 
- Pour le goûter, tu vois la bonne. Pourquoi crois-tu qu'on la garde ? Ton devoir de calcul ? Pas mon problème. Demande à Victor. Ou maman.
- Mais, Papa, Victor, il est nul ! Et maman, elle comprend rien !
- Allez, fous-moi le camp à l'école au lieu de rester dans mes pattes. En voila un bon papa qui se décharge de son devoir de parent comme si l'école, la servante et maman pouvaient tout gérer sans lui. Quant à Victor, Victor... Il est vrai qu'entre boulot, bistro et dodo avec maman toujours insatisfaite, ce père, seul à travailler pour le ménage baissait les bras. Comme notre roi...
- Et si tu l'inscrivais au centre aéré*, hein maman ?

* (Centre aérés et scouts, inventions utiles du XX° siècle pour bien se débarrasser des enfants. A l'extérieur de la maison. Les jeux vidéo et les portables au XXI°, à l'intérieur). 

Après avoir félicité ce bon père qui sait montrer à son fils qu'il l'aime en lui proposant des solutions utiles à son éducation, nous le quitterons pour rendre compte des amours enfantines.

- Donc, Antonin, tu me voudrais à une dînette d’amour-de-gueux ? Mais c’est nul. Pour finir séparés comme papa et maman ? Pour ce qu'ils se sont aimés ! Ça va pas la tête ? Demande à Romane. Elle voudra bien jouer avec toi.
Romane, amoureuse du garçon n'empêchait que ça n'allait pas, mais pas du tout pour Aurélien tout énamouré et plein de sa Juliette qui en connaissait un brin sur les grands et à qui il ne fallait pas en conter. Se cacher, tricher et lui mentir ? Pas moyen, ni de lui demander de faire comme les parents : 

- Tu copies. Oui, toi Antonin tu te voudrais mon mari. Pour de rire ? Tu ne crois pas qu'ils jouent aussi à ça, les parents, à faire semblant de s'aimer ? Pour ce qu'ils en font, de l'amour... Et ça te plaît d'être bête comme eux ?
- Pas vrai, Juliette: les adultes s’interdisent de faire semblant. Juste, ils mentent. Pour de vrai!
Bon, l'histoire des amours naissantes de Roméo et de sa Juliette, on vous l'aura déjà contée. La fillette se voulait catégorique : le jeu, pas question. Pour le garçon, seuls les parents jouent avec la vie sans vergogne dans le temps que les enfants, eux ne s'adonnent qu'aux plaisirs innocents. Dites donc, les jeux des grands et des petits serviraient-il d'exutoire à la timidité, et à la lâcheté ? Et pourquoi ne peut-on pas montrer ses vrais sentiments amoureux ou sa détestation profonde ?

Folles, les petites guêpes ? Pas tant qu'elles pouvaient vous amener dans leur jardin des rêves qu'elles se créent, cet outil indispensable à l'apprentissage de la vie qui vous permet d'exprimer vos sentiments profonds sans risques de rougir. En douceur et toute innocence, mais avec retour à l'envoyeur.

Voilà que maintenant, tous se mettaient à copier Aurélien dans sa supplique à sa dulcinée l'exhortant aux jeux de l'amour pour remplacer avantageusement les conflits causés par les guerres de pommes de reinette et pommes d'Api, le chapardage dans les échoppes, la chasse au chat de la voisine, l'import illégal de grillons à cacher en classe pour plaire au Maître, etc... Et, pourquoi ne pas ensuite se tourner vers la médecine scolaire à jouer pour de vrai au petit docteur es gynécologie qui ferait patienter la petite marchande souffrante pour de faux et, ceci ressortant de la sphère privée, sans grand risque lorsque les parents des mis en cause s'entendaient bien ?

Plus fort encore : on avait même décidé, pour ennuyer les adultes et se défatiguer du dur labeur de l'enfance de s’aliter affligé d'une vraie maladie diplomatique, obtenir une vraie dispense si reposante surtout pour le Maître qui ne se plaignait pas de l'absence du cancre. Ah ! que voilà le sommet des manipulations enfantines permettant de se propulser en bruyante et joyeuse délégation vers la maison du dégoûté du travail pour lui prodiguer force gâteries et encouragements à persister dans l'effort, quand devant les parents du malade on tirait des têtes attristées et silencieuses pour respecter le repos de l'éreinté.

Le jour ou toute la classe se retrouva au lit, qui en surmenage scolaire, l’excuse imparable, qui atteint de douleurs atroces, mais allez contrôler, qui pour rigoler ou se faire dorloter par des parents débordés aux petits soins du petit en s'inquiétant sans raison et pour rien… on sut que rien n'allait plus jusqu'à troubler la tranquillité du royaume, le médecin en burn-out. Ajoutez, en surcroît le dépouillement de ses jardins de la fin d'été, tout ce chambard ne permettait plus que sa Majesté fermât les yeux, aussi, convenait-il de frapper vite et fort. 
Sourcil froncé, le roi manda le bourgmestre de sa capitale, le sieur Manuel de faire saisir à corps l’ami Victor reconnu par le service du guet comme chef incontesté des trublions.

Comme toute bonne chose ne s'éternise jamais, et qu'à chaque fin d'année scolaire les enfants grandissaient, le raout s'étiolait progressivement à travers tout le royaume, et les chapardages dans les jardins du roi se voulaient plus bon enfant et seulement en périodes d'ennui. Par contre, les plus aguerris continuaient à mentir plus-plus aux parents, prenant tous risques, quand les timorés, en faux-jetons intelligents trichaient sur l'affect par des risettes d'angelots. Avec le Maître, personne ne forçait la dose à cause de sa foutue règle, rançon de l'échec scolaire. Ainsi, à part les plus abrutis invivables et autres graines de crapules endurcies, le jeu consistait à éviter la punition par l'observation plus attentive des comportements des adultes. Et ainsi, nos enfants gagnaient bibliquement en stature et en intelligence, si ce n'est en grâce.

Et pourtant, notre roi s’inquiétait à tort du bruit des enfants et de cette gaminerie d'épidémie, la coalition des « tous pétant la forme, tous grabataires » se défaisant faute de combattants. En effet, les parents interdisant aux vauriens de se visiter l’un l’autre par peur d'une bonne épidémie, et le vrai docteur, excédé conseillant aux parents comme médication une bonne grosse cuillerée à soupe en bois d'olivier rase d'huile de foie de morue matin, midi et soir en doublant puis triplant la dose au cours de l'évolution de la maladie, aussi ce jeu n’eut-il plus cours à dater du ras le bol des enfants. Pouah, car de ces enfantillages, sachez-le, il vous en restera le mauvais goût en bouche, même dans votre grand âge !

Soucieux de la santé précaire de leur petit Victor qui, seul de sa classe endurait l'huile, preuve qu'il était malade, le père adoptif de ce champis ne voulut obtempérer au mandement du Maire.
- Le petit est malade. Que le sieur Manuel se déplace ! Le père n'en démordait pas.
- Papa, gémissait la mère, comment recevoir ce noble personnage, nous qui sommes si pauvres. Que lui offriras-tu ?
- De la piquette ! Bonne pour nous, elle l’est pour tous.
Voyez que la grogne des petits gagnait tout le royaume, et risque de révolution il y avait.

Le Bourgmestre, accompagné de son conseil fit le déplacement à la chaumière de Samantha  et Ben ESCOUBILLE, les parents. S’asseyant sur le bord du lit :
- Mon petit Victor, tu peux comprendre que toi et tes petits amis avez fort chagriné sa majesté, le Roi François. D’abord, parce que lorsque vous sous exprimez, plus personne ne vous entend. Ajoute-y le Maître excédé qui pense que vous souffrez d'une sorte de maladie de Perlimpinpin, ce qu’il n’apprécie pas du tout, s'en plaignait amèrement auprès de sa Majesté. Sans compter les pommes du Roi. On me rapportait, pas plus tard qu'hier que tu t’ingéniais à le parodier... Un temps de réflexion...
Pour t'en moquer ? Je ne sais, mais cela dépasse l’entendement. Et, dis-moi : sont-ce des manières de bon sujet de sa majesté ? Mais, que je te rassure, ainsi que tes parents : je ne suis pas là pour gronder ni punir, mais comprendre.

- Mais, Monsieur le Bourgmestre, voyez par vous-même, je suis malade. De quoi ? Il ne dit, et ainsi faisait une réponse de jésuite (ndlr :  l'ordre des jésuites verra le jour bien plus tard, pardon pour cet anachronisme). Si le garçon avait bien trompé ses parents, pas le bourgmestre qui rapporterait au roi : Majesté, pas de quoi s’inquiéter. Non ! Une gaminerie, sire.
- Tu m’en diras tant, mon ami, répondit songeur le maire, puis apercevant des pommes sur la table familiale appuya son propos d’un sourire patelin. Surprenant le regard du bourgmestre sur la coupe de fruits, Victor frissonna, mais pas de fièvre puisqu’il n'était malade que pour de rire tout en endurant, pour de vrai des renvois nauséeux dus à l'huile de foie de morue. Pouah !
Antonin écrivit que lorsqu'il se rétablit, si on peut le dire sans rire, Victor reçu de sa classe la palme pour son courage et la perfection de sa perle, la belle des belles. Le Maître, plus avare, cela se conçoit n’y ajouta pas ses félicitations, rappelant la règle. Applicable à tous. Brrr !...

- Monsieur le Bourgmestre, vous prendrez bien un verre de vin à la santé du petit et du Roi ?
- Pardon, s’enquit-il ? Du roi... et de Victor ?
- Ben, oui. Pourquoi pas ? Vous nous feriez honneur.
A la santé du roi et de Victor, un champis retrouvé abandonné tout minot dans les champs et recueilli par Samantha et Benjamin Escoubille ?... Quelle comparaison ! L’édile municipal se demanda alors si l'irrespectueuse fronde enfantine n’avait pas aussi atteint les parents. Constatez ici que le plus rusé des renards, bourgmestre ou non se fait souvent attraper en tentant d’éviter un piège qui n’en est pas un, et c’est à ce moment qu’il changea son arquebuse d’épaule : le roi serait averti en secret d'un danger certain.

Et, qui aura voulu comprendre que le père de Victor faisait de son fils un roi, même trouvé abandonné dans les champs, si ce n’est le perspicace bourgmestre ? Personne, pas même toi, lecteur.

Pourtant, le bébé de parents, vilains ou non n'est-il jamais que leur enfant-roi ? Eh, oui !

jeudi 21 avril 2016

L'enfant-roi - 3


T'es pas cap, Aurélien... 

- Victor, bien la peine de faire comme le roi, jalousait un des mômes. Le roi Victor ? Peut-être pas sauf qu'il agissait et punissait ses petits copains en toute injustice et plus durement que ne l'aurait fait le roi, tiens, comment dire... En parent ? C'est cela même. 
Tout naturellement, lorsque émerge un chef rugueux qui se comporterait en papa aimant, une éminence grise plus finaude l'accompagne pour le calmer en arrondissant les angles, en bonne maman. L’Antonin se colla à cette fonction de vizir, et par lui, la guerre enfantine tourna révolution en dentelles. Par le jeu avant tout. Et quel jeu : celui à s'occuper de nous. Ça que diront les adultes ? Bof ! Pas vrai, Nadège ? 

- Et, si on faisait le dînette de l'amour, les filles ? Juste à rigoler à faire ça comme les grands, mais pas pour de vrai. Par exemple, Juliette, si je dis que je t’aime, avec des mots d’amour… lesquels ? Mais, je ne sais pas, moi, j’invente. Donc, je te dis que tu es la plus belle, que je t’aime, tu réponds quoi ?
- C’est pas toi que j’aime, voilà. Demande à Victor. C’est pas jouer, ça !
Demander quoi à Victor, demander à Victor... et pourquoi pas au roi ? Mince alors, manquait plus que ça ! Déjà que l'amour à cet âge, par le jeu, même pour rigoler ! Dis voir, Antonin : comment démêles-tu le faux du vrai pour t'y retrouver ? Tricher, pas tricher avec Juliette ?
Enfin, mon enfant, l'amour est chose trop sérieuse pour te le confier. En voilà une idée qu'elle est étrange que ton jeu. Pourquoi ? Mais parce qu'on ne s'amuse pas avec l'amour, ni avec le nourriture. Ni à papa-maman. 
- Compris, Aurélien ? 
- Oui, m'man !

Pas capable , l'Antonin ? Il estimait sa proposition honnête. L'excuse de l'âge :
- Demander quoi à Victor ? Si tu l'aimes, Juliette ? Mais tout le monde le sait et ce n'est un secret que pour lui. Si tu le lui avoues, ce n’est plus de jeu et tu fais comme les parents. Mal !
- Oui, mais moi, c'est Victor... Et puis, c'est pas bien. Le chef absent, on tentait tout : 
- Juliette aimerais-tu divorcer comme ton papa de ta maman ? Non ? Vaut mieux que tu joues avec moi parce que tu ne risqueras pas d’être triste après, quand Victor partira pour Anna. Pas vrai, Annabelle que tu l’aimes ?
- Et faudra jouer à papa-maman, Antonin ? Sans Victor ? Pour de vrai ? J'oubliais : pour de faux. Tu es devenu complètement fou !
Antonin n'osait rétorquer que de Victor et des tabous parentaux, on s'en battait l'oeil quand bien même Juliette avait un flair pour le vilain qui pervertissait bien trop souvent la loi de tous par la force publique, la sienne, ce qui le rendait mal aimable.

Ce fut la première et dernière claque que reçut Antonin, futur écrivain-charron de la part de sa Juliette qu’il aimait pour de vrai. Les deux enfants, peut-être par l'effet conjugué de la trouille que fichait à tous Victor, du fait que ce dernier n'était pas encore intéressé à la chose, du "T'es pas cap" de défi lancé par un de ses copains et de cette gifle enfantine s'aimèrent aussitôt pour former plus tard un couple heureux. 
Mais, attention : L'Antonin n'oublia jamais le jeu du faire semblant de s'aimer, tout en disant les mots convenus à l'usage de l'amour, qui eux sont tendres. Souvent faux ?... tant pis ! 
- Mais non, Juliette, tu es belle ! Tu me crois pas ?
Vrai, Juliette que tu es belle pour de vrai. T’as compris Juliette ? Mais papa-maman à trois, avec Victor, comme les parents qui pratiquent pour de vrai, pas question. Vous percutez aussi ? Tant mieux.

Comme le dit si bien Finkielkraut qui joue pour de vrai à la philosophie... enfin, moi, ce que j'en pense, cause toujours Antonin mon lapin car, à tant t’évertuer à la dînette de l'amour pour de faux, tu arriveras à te faire aimer pour de vrai, et n’est-ce pas le but de la manœuvre de tout homme qui se cherche femme pour ne pas s'en devenir triste sa vie durant ? Aussi, commençons tôt.
(Petit aparté pour le lecteur : et de l'amour véritable dans tout cela ? Que les adultes s'en débrouillent nous rappelle ici, fort à propos Julien qui me rapportait l’histoire de la Commune des enfants libres du temps de son arrière-arrière-arrière-… grand-père Antonin).

J'interpellais Firmin : où la voyait-il, cette révolution. Parce que, quand même dans le jeu...
- Réfléchis : la transgression ne s'inscrit-elle pas dans le réel, même lorsque les gosses l'appellent jeu ? Ne tente-t-elle pas de détruire les valeurs de la société et par suite...
- Mais, tout le monde transgresse la loi sans jamais rien vouloir révolutionner. Délit, crime, imbécilité, amusement mais pas...
- Ah, bon ! Parce que c'est dans la nature des chose de tripoter ou montrer à l'envi son zizi ? Les parents interdisent. Tabou !  Bafouer la loi, pire, la morale par des actes réprouvés même par les société les plus archaïques, normal pour toi ! Pardon ? Bien dommage. Enfin, si tu le dis, mon Gilou, je veux bien.
- Attends, Firmin, les gosses* ne font que jouer à "comme si". Pas plus. Pour apprendre à se faire à la loi et au beau métier de parent ! 
- Pour toi, pense ce que tu veux. Mais, je le redis : une révolution ! Eh, oui. Parce que là où tu n'y vois qu'une amusette, pour eux c'est du sérieux, comme à jouer leur vie.
- Je vois. Ces grands enfants d'adultes se mettraient hors jeu de tous faux semblants.
 
*Que nos amis canadiens ne confondent pas leurs gosses avec les petits sujets de François, le roi ! 

samedi 16 avril 2016

L'enfant-roi - 2


... le roi je ferais !

Les parents, on s’en fout chère petite Nadège ? Personne, ma chère enfant, ni d'une bonne fessée, même si nous te comprenons, nous qui sommes à ce jour peut-être un peu tes descendants. Et aussi parents.
Dans l'histoire d'Antonin, les plus perspicaces d'entre-vous auront relevé l'absence d'une bonne fée et de sa méchante sorcière, les sortilèges plus... que sais-je ? Pour trouver les jeteurs de mauvais sort, nous vous conseillons vos politiques de tous bords qui vivent à vos crochets avec leurs leçons et autres fadaises, ces sans foi ni loi qui ne croient plus à rien, encore moins à eux, n'auront jamais rien fait de leurs dix doigts et vous exhorteront à travailler à la solidarité en se foutant de vous.

Revenons à nos enfants de 2016. Eux non plus ne croient plus à rien, ni en leurs parents, même que le père Noël, dégoûté s'est effacé devant les vidéos porno qu'ils dévorent en SVT (si, ça existe les cours de science de la vie et de la terre), sans mener le souk au soulagement de leurs profs, les yeux rivés à leur portable dernier cri. Payé par des parents aimants. Un enfant occupé ne peut qu'être un enfant sage. Connerie !
Ben, non : seul l'enfant qui fait du bruit ne fait pas de bêtises. Et on sait où il est présentement. Parents, méfiez-vous des taiseux.

Attends, Pierrot pour le moment nous n'en sommes qu'à une révolution larvée bien innocente. Tiens, Firmin me signale que, pour se cacher des parents qui croyaient les connaître, nos mômes inventèrent un cryptolangage, « le jeu de gueux ». Pour l’expliquer en un mot ? Difficile… bien que la chose perdure de nos jours dans toutes les classes du primaire.

La révolution enfantine ne se voulait pas simple jacquerie en s’enracinant dans un principe de menterie tous azimuts : on comptait bien en laisser intact au moins l'esprit aux générations futures. Comment la déclencher ? Simple : suffisait, pour appartenir à la bande, de tous mentir sans jamais se faire attraper.
Puis, on décida mieux : dire la vérité mais de façon telle qu'elle devenait incroyable, et celui qui sortait à ses parents ce qui semblait une craque énorme, histoire vraie à dormir debout, celui-là même recevait une bonne poignée de main de Victor devant l’assemblée réunie. Je ne vous dis pas la fierté qu’il en ressentait.
Vous voulez un exemple ? Valériane, pas encore 8 ans, une blondinette, finette, doucette à la face d'ange avait dévoré tous les gâteaux réservés pour le dimanche. Qui l'eut cru ?
- Maman, c'est moi qui a tout mangé les gâteaux.
- Menteuse, disait la mère. D'abord on ne dit pas c'est moi qui a. On dit... Aaron, viens ici, garnement. Viens prendre ta fessée !
 
Par contre, et trop facile, si on avait dérobé la bourse des parents et qu’on pouvait leur faire croire que c’était la pie, le tout dit avec plein de bonbons dans la poche, la bouche encombrée de sucrerie, celui-là n'était pas récompensé. Toutefois, le jeu du facile dans lequel on se voyait, chacun son tour menteur et spectateur amusait fort l'acteur, mais aussi le parterre, le poulailler et la galerie de ce théâtre vivant impromptu. Logiquement, on décida de s'atteler à faire de tous des dupes, des parents, du guet, du Maître d'école, des adultes... et même de ses copains nunuches.
Mais, par suite de la crédulité sans nom des parents pour leurs bambins, le jeu commença à n'amuser que les plus effrontés, ceux qui tentait même le diable et les fessées terribles de papa.

Plus difficile, tiens : Albin qui arrivait sur ses 7 ans mit un jour en doute l’instituteur en lui affirmant qu’il avait bien rendu ses multiplications et divisions du soir et s’entendit répondre :
-Bien possible. Je l’aurais égaré. Combien croit-tu qu’il valait, ce devoir ?
-Ben, M’sieur… Peut-être bien 12. Sais pas, moi ! S'il recevait un 14/20, que je vous raconte la fête pour le héros du jour. Sans compter un bisou de Carina, sa petite amoureuse. Mais, malheur à qui présentait au Maître ses doigts réunis pour y recevoir un bon coup de règle en bois dur, 
- Aie, M’sieur, mais ça fait mal ! Oui, ça fait très mal. Mais, c'était le bon temps des bons Maîtres.

Quelqu'un décida de vider les burettes du curé. Pardon ? Oui, j'ai bien parlé de celles du curé. Vous eussiez voulu que je remplace le curé par un abbé ? Pas d'accord. Donc, un enfant de choeur vida les dites burettes, oh ! pas tant pour le goût du vin, pouah ! que pour voir l'ahurissement du prêtre lorsqu'il en arriverait à l'eucharistie en constatant que le miracle du vin ne se pouvait plus reproduire, un calice vide. 
Mais, lorsque notre bon curé attrapa le coupable, son enfant de choeur au long cou, on eut une parfaite illustration de la douceur et de la véracité des Ecritures, surtout lorsque Urbain dut présenter la joue. Tendre l'autre aussi. Dès ce jour, celui-ci faisait toujours un large crochet, même devant l'autel, à l'approche de ce curé musclé et colérique. Excellent chrétien, toutefois, que ce bon serviteur de Dieu.

Après ces enfantillages, les enfants décidèrent de faire des picoureilles en chapardage dans les vergers voisins. Manque de chance, et comme le prévoyait Antonin, ce fut un fiasco avec force fessées à la clef. En effet, les enfants volaient tous les fruits en se collant aux saisons, fraises, cerises, abricots, reines-claude, figues, mûres des jardins, pommes, poires, groseilles et châtaignes, sans distinction aucune comme une volée de moineaux. Seuls, les coings échappèrent à leurs larcins. Si encore, on ne dégustait que sur l'arbre ? Mais, non. On cassait la branche du cerisier pour ramener au repaire les fruits. Fastoche, ben oui, plus facile !
La vindicte enfantine cessa par suite de rossées bien appliquées, et parce que les gosses se rendirent compte qu'ils se volaient les uns les autres.

- Et le verger du Roi. Pour notre bon plaisir à se faire une bonne guerre de pommes ? Qui en eut l'idée ? Mystère et boule de gomme. Victor, en général en chef  barbare trouva le lieu de la bataille, les près, plaça la rivière en ligne de front puis constitua les camps. Les armées ? Les filles contre les garçons. Pourquoi cette imbécilité ? Aurélien vous l’expliquera dans la suite du récit.
Une fin de vacances d’été on déroba donc par escalade, à chaque jour suffisant sa peine, autant de pommes que nécessaires à la guerre, pommes de reinette et pommes d'api de sa majesté pour en faire des boulets que l’on se catapultait de part et d’autre de la rivière. Il y eut bien quelques blessures, mais sans gravité surtout chez les garçons-manqués qui rechignaient à batailler, au grand désespoir de Victor.

Plus fort. Maintenant, la révolution consista à l'Imitation pour de Faux des Parents, pour s'en moquer d'abord et ainsi mieux comprendre la psychologie de l’ennemi, les adultes. En cela Victor se révéla fin stratège quand bien même l’idée lui vint d’Antonin qui, lui, poursuivait des buts cachés plus personnels.
Donc, à l’imitation des parents mais attention : uniquement dans le domaine du faire semblant. Pas leur ressembler. Oh, que non ! Parce que nos bambins ne pouvaient concevoir que l’on puisse dire que l’on s'aime pour de vrai et tricher tout de suite après, prenant maîtresse comme les parents, répudiant en roi ou s’en allant visiter la voisine en cachette du copain occupé ailleurs à taper le bout de gras. Pour ensuite partager le bonbon de l’amitié avec le cocu, son voisin ? Ça va pas, eh ? Oh ! 

- On va s'amuser à s'aimer disait Antonin. Oui, à papa-maman, mais pour de faux. Chouette, pas vrai ? Juste on joue. Pas de risque. La dînette... Nos lecteurs remarqueront que le bambin n'adressait sa supplique qu'à Juliette, pas à Annabelle, Valériane... mais toutes se sentaient écoeurées. Même la Juliette.
 - Oui, mais, non, disaient les filles, l’amour, c’est de l’amour et nous, on ne veut pas faire semblant, oh que non ! Pas nous !
- Et voila, disaient les garçons, toujours les filles à faire la tête. Comment veux-tu jouer avec ?
- Ah, non. La dînette, c’est la dînette-de-gueux à la marchande. L’amour, c’est l’amour-de-gueux, répondaient les filles, boudeuses, et on peut les comprendre.

-Victor, explique-leur ! Oui, mais Victor, de sa voix pas encore de fausset ne trouvait pas les mots adéquats. Cette grande gueule, encore dans la confusion des sexes n’en était resté qu’au stade des rapports des forces pour ne considérer les filles, sans exception aucune que comme des garçons manqués avec qui on pouvait se bastonner, ignorer à la rigueur. Mais pas plus. Pour les bisous et les câlins ? Pouah ! Un mimi sur la bouche ? Beurk ! Dégoûtante, va !
Il faut savoir que c’est à dater de ces temps d’antan que les bambins imitent leurs parents. Depuis, la sauce à bien pris dans nos crèches, jusqu'à nos écoles des grands du primaire.

Victor, tout juste 7 ans, le costaud de la bande resté un gros bébé dans sa tête n’avait pas encore passé le stade des jeux agréables du docteur et de sa patiente qui, bonne petite marchande vendait sa salade au petit toubib si curieux des choses de la vie, tout comme elle.
Voila pour Victor, le chef des bambins émeutiers qui mettait en exergue la règle du :
- « On fait ça qu’on veut. Comme les parents, et tant pis pour le roi. Pourquoi ? Parce que. ».
- Et pourquoi parce que ? s’inquiétait le chœur des bambins des volées de fessées à venir et du Maître à la règle si dure.
- Parce que ! tonnait l'impérieux Victor, cette grande gueule, petit début de racaille qui prenait maintenant grand plaisir à trôner, régnant sur son petit monde. Le pied !

Au fait, notre Victor qu'Antonin ne citera plus dans sa chanson de geste, on ne sut jamais bien ce qu'il devint à l'âge adulte, si ce n'est qu'il épousa Annabelle, lui fit de beaux enfants qui se feront petits émeutiers tout comme lui mais qu'il ne fessa jamais, aux grand dam de son épouse, attendant que cela leur passe comme cela lui avait passé, puis devint jardinier du roi. Et, respecté et aimé de tous, même de son vénéré Maître vieillissant qui ne lui en voulait plus de ses enfantillages. 
Notez que Victor, devenu pacifiste ne toléra plus le vol de boulets de pommes de reinette et de pommes d'api du verger royal. Ainsi va de toute bonne éducation. Parents, qu'on se le dise !

16 avril. 2016 Et mes souvenirs. Allons faire promenade, ce jour à la rivière à cochons.

mardi 12 avril 2016

L'enfant-roi - 1


Si le roi j'étais...

Nos vieux, à la fraîche des soirs d'été, près de la fontaine du village regardaient leurs petits-enfants jouer à s'asperger et se surprenaient à les aimer encore plus, ces petits morveux criards si insouciants et si pleins de vie. 
- Tiens, je crois que ton Albin de 6 ans a un faible pour ma petite Carina... Et cela se sentait.
Sauf que, comme tout passe, tout lasse, tout casse pécaïre, les pauvrets, ne le sachant pas encore souffriraient aussi du grand mal d'amour. Ainsi va de toute vie, et que la joie de leurs jeux puérils causait tristesse à ces vieux qui aspiraient tous à revivre leurs amours d'antan, leurs malheurs, à la rigueur mais ne pouvaient que feuilleter le grand Livre de la Vie, constatant avoir, malgré tout bien vécu. Ainsi disaient-ils.

Que c'était bon, alors, lorsque Amour rimait avec Jeunesse toujours ; mais, que tout ce qui finit, même le pire est grand malheur regrettaient ces vieux, tandis que nous, aujourd'hui, faisant plus jeune :
- Soit, mais tu as de beaux restes...et de beaux jours. Et la jeunesse du coeur, tu en fais quoi ? 
- Avec ce coeur fatigué, que ferai-je de l'amour et d'une jeunesse ?

Mais, non ! Pas une jeunesse... N'importe quoi ! Voila donc ce que je propose : réinventons la vie. Pardon ? Mais, non, il ne s’agit pas de jouer à la vie, quoique en un sens, à bien y réfléchir, ne la joue-t-on pas toujours sur un coup de tête ? Et qui peut prétendre connaître par avance le résultat de ses "décisions" ? 
Ne serions-nos pas restés ces gosses mal dégrossis espérant que tous nos vouloirs se réalisent par la pensée magique, la marelle en prime en sautant à cloche-pied, et toujours collés au "Je le veux, parce que je le veux. Et que je suis déjà grand, na !" ? Et quid de la dînette ?
- Terre... Ciel... Soleil !
Je vous intéresse ? Bien. Voyons voir. Je connais un certain essayiste-philosophe, avec son mot sur tout, que nous pourrions renvoyer de l’Académie Française, qui n’en méritait pas tant, pour le faire plancher à l’Académie des Sciences. Car, à la ramener… Ainsi, nous profiterait-elle, sa science pour mieux comprendre les bienfaits du jeu, à tout âge, et d'âge en âge.

- Tu penses à qui je pense ?... et, pourquoi pas l’Académie des beaux Arts ?
- Oui, mais : attention, Markus, la philosophie, n'est pas l'art de la parole. Elle se propose d'expliquer la vie avec un temps de retard, soit, ce qui n'est pas de la faute du penseur à qui nous ne tiendrons pas rigueur, pas vrai, collègue ?...
- Si tu veux. Mais la parlotte pour la parlotte n’en demeure pas moins un des beaux arts de l'enfumage. Tu ne démens pas, Finkielkraut ?
- Oui, mais Markus et Alain, répondez-nous : un tout petit peut-il tomber en amour ? Tenez, plus fort : l'amour serait-il cette fontaine de jouvence que tous regretteraient, lorsque la nuit tombe ? Vois-tu, Markus, considérant que, et à bien y réfléchir...

Il était une fois de très jeunes enfants qui refusèrent, dans un pays de conte de fées, de grandir pour la bonne raison qu’ils avaient sous les yeux, et tous les jours, l’exemple de leurs parents. Et du jeune roi méchant, comme aimaient à dire les enfants, pour la seule et unique raison qu’il avait répudié la gentille reine Mado et pris une roturière plus jeune pour épouse, Lolotte, au grand dam de ses loyaux sujets qui, eux, en bons moralisateurs, faisaient petitement, et en cachette ce que le roi se permettait dans les ors, mais sans jamais vouloir tous divorcer. Pour un roi très chrétien, la honte. Pour ses sujets ? Bof !... Avec ça, parents, allez donner l'exemple !

Le roi, considéré comme très méchant, par nos bambins en culottes courtes ne l’était pas tant pour nos jupons multicolores qui le trouvaient… mais d'un beau, à se pâmer d’amour, ne trouves-tu pas Sylviane ? Oh, oui. Il est si mignon, je le veux, je le veux moi aussi !
L’amour brillait déjà dans les yeux des fillettes qui, toutes se rêvaient en lieu et place de la nouvelle reine d’humble extraction qu’elles trouvaient bien belle et jeune, mais pas tant que ça. Un peu nunuche, même. Mais, une roturière, comme elles, toutefois. Incroyable.

Les filles, par atavisme se gardaient bien de dire leur ravissement aux garçons qui, eux, n’aimaient pas le roi car ils auraient aimé être à sa place, voila pourquoi ils s’accordaient : le roi n’était qu’un vilain et moins beau qu’eux tous, même Victor le boutonneux, et surtout le Urbain qui est moche comme un poulet au long cou décharné.
Allez, ne mégotons pas : les garçons se voulaient sa majesté méchante, même si le cœur des filles  battait toujours plus vite lorsque sa royale grandeur promenait, fiérot, sa nouvelle reine, la belle conquête par les rues de la seule ville du royaume, et pourtant sa capitale. Allez comprendre !

Aussi, un semblant de révolution… que dis-je, de Commune à l'école se mit en place et tous firent allégeance à cette grande gueule de Victor, le boutonneux qui parlait gras, grossièrement avec trop de pipis-cacas dans la bouche....
- Ça promet, pensaient les fillettes, 
...mais un Victor qui savait se faire obéir et aimer par son allant à tout oser. Certains, les plus nombreux, après leurs caisses à savons de course le voyaient futur directeur de l’usine royale de carrosses et de chars, charrettes en et autres camions tirés par des chevaux, rappelez-vous que nous étions dans les temps d’antan.
D’après Antonin, directeur, le Victor ? Euh, peut-être pas. Syndicaliste ? A la rigueur, et encore.

(Petit aparté pour Firmin : l’histoire que je conte ici, bien que je la tienne de toi est celle de ton arrière-arrière-arrière-arrière grand-père Antonin. C’est pourquoi, Firmin, nous nous accorderons sur le fait que Victor deviendrait plutôt sergent du guet, ou gardien de la prison royale, il en a la gueule, forgeron et bourreau, à la limite. Mais pas syndicaliste).

Tous les enfants de la contrée, les filles exemptées, à cause de la beauté de notre roi  furent malheureux et, pour se consoler se réfugièrent dans le jeu du « si j’étais le roi, le roi je ferais». Mais pas comme lui. A d'autres !
- Si j’étais le roi, la reine Mado j’aura gardé affirmait Victor, elle si bonne.
- Oui, mais si vieille, ricanaient en toute cruauté les filles.
- Moi, même que si j’étais roi, je n’aurais pas répudié la reine : elle ressemble à ma mère disait Antonin qui s’accordait mieux avec les temps et, se satisfaisant que papa ayant pris pour maîtresse la mère d'Isabelle, il les avait surpris au lit, n’ait pas répudié la mère qui était si bonne maman.
- Faux, pensaient in-petto les filles, ta mère, elle est vieille, vieille et moche, Tonin.
Aucune toile de maître représentant la maman d’Antonin n’ayant été retrouvée par son descendant Firmin, faisons confiance aux filles, même si leur constatation ne serait pas à prendre pour écu sonnant, ce qui n’est pas une révélation extraordinaire, que je sache.

A table, à la chandelle, on s’amusait avec sa cuillère, la fourchette n'ayant pas encore été inventée, les petits garçons croyant trancher dans les navets comme dans les fesses dodues du roi pour le punir, tandis que les petites sœurs, elles, préféraient caresser les yeux du potage du soir en rêvant à la peau veloutée du roi, sa vigueur, sa prestance, son sourire craquant mais, tout comme les garçons, elles écrasaient quand même la petite carotte royale pour la punir, ainsi, d’avoir choisi autre princesse qu’elles.

Les papas ne s’inquiétaient pas de ce jeu où les garçons, silencieux d’habitude au souper, picoraient dans leurs assiettes tout en fredonnant à mi-voix des sortes de chants martiaux, voire révolutionnaires, avec des "Ca ira, ça ira..." la bouche pleine, s’il vous plaît, et même que, parfois, ils s'autorisaient à parler haut.
- Laisse, maman. Il a reçu un bon point et une image sainte à l’école. Laisse. Puis doucement, Fiston ! Tu écornes les oreilles de maman, elle qui ne s'inquiétait pas des rêvasseries de la petite soeur :
- Laisse, papa. C'est l'âge bête !
Oh, comme les parents de nos parents savaient mieux comprendre nos parents. Touchant !

Les filles, n'étant pas de reste au repas du soir chantonnaient, languissantes : « En passant par la Lorraine », une fredaine qui les faisaient toutes benoîtes, mais peut-on s’attendre à autre chose que de la tendresse chez les filles lorsqu’elles entament la strophe « puisque le fils du roi m’aime » ? On se le demande.
Oui, mais, le roi n’avait pas encore de fils et, lorsqu’il serait nubile, les filles, en dépassement d'âge ne l'intéresseraient plus, ce qui les désolait grandement.
Nos garçons préféraient « Malbrought s’en va en guerre » mais en avaient perverti le sens. Il n’était plus question que de chanson réaliste : en guerre, soit, mais les deux pieds, les deux mains dans la merde, comme il sied à toute guerre.

Que firent les parents ? Rien. Et pourtant, même le roi, pourtant tout béat par son nouvel état d’homme heureux commença à s’inquiéter. En effet, son directeur des services de vigilance, Monsieur le Bourgmestre Manuel, l’avertit secrètement, comme il était du devoir de sa charge :
- Sire, inquiétez-vous des résultats scolaires. Un vent de fronde, sire ! Oui.

Les enfants des écoles royales catholiques (elles l’étaient toutes) inventèrent une charte et tous durent cracher en signe d’allégeance. Aussi, décidèrent-ils que seul importait le jeu et qu’aucun soi-disant principe de réalité ne saurait les contraindre à quoi que ce soit, les grandes personnes divorçant de l’amour-toujours les en auront dégoûtés à jamais, leurs seules obligations ne tiendraient toutes qu’au seul respect des règles du jeu du « comme si ».

Dans la joyeuse bande, quelques trublions, pour exciter les filles se voulaient méchants garçons, de la racaille, quoi. Paraît que les filles adorent, comme à nos jours  :
- Oui, mais les parents ils sont toujours raisonnants. Ce qui cloche.
- D’abord, ça résonne pas les parents, na ! Nadège avait mal entendu. Et puis on s’en fout des grands, lança-t-elle, ce que reprenait toutes les autre voix enfantines.
- On s'en fout des parents, on s'en fout des grands, on s'en...
Une révolution, que dis-je : une Commune libertaire d'enfants qui se libéraient naissait bien avant 1789.