lundi 30 mai 2016

Le slip de bain crocheté - 1/4


Mes écrits tournant souvent autour de ma vie, comment comprendre que certains s'acharnent à me questionner sur la véracité de mes écrits, et que leur répondre pour qu'ils cessent enfin ? Que je carbure au café, au pastis et aux cigarettes pour appeler l'imagination à la rescousse ? (J'ai repris la clope. Je sais, ce n'est pas bien). Moi, j'avoue que j'embellis quelque peu mes souvenirs d'enfance qui, à mon insu sortent de ma réalité jusqu'à devenir vôtres, et j'en suis heureux.
Ce que je m'apprête à vous narrer n'est que de mon histoire, celle du jeune garçon que j'étais et qui disparut, se noyant au creux de mes souvenirs et que j'essaie de ranimer.

Tout mon être passé, devenu insignifiant ne s'inscrit plus que dans mon souvenir qui s'éloigne toujours plus de moi par l'écriture pour finir irréalité, comme à devenir la vie d'un autre, en fuyant encore plus rapidement lorsque je bute sur mes mots pour mieux attendrir le lecteur qui prend le temps de la rencontre. Et m'en faire aimer, aussi par mon écriture laborieuse que je veux la plus belle avec, à chaque fin de mes petites histoires une sorte de déchirure douce-amère.

C'est parce que vous me lisez que j'aurais cette chance de replonger dans le passé en petit garçon maigrichon avec son slip de bain informe qui lui faisait comme une couche culotte de bébé pleine. De caca ! Moi qui me revois ainsi, ne me demandez plus d'écrits certifiés conformes à la vérité, sachant que l'instant présent se change instantanément à chaque seconde de la vie pour disparaître du réel et n'exister que par votre seul et fol souvenir.
Oh, ce caleçon de bain bleu marine, faut-il vous dire qu'il déteignait sur mes jambes? Et, est-ce si important de le noter ? Je crois bien que oui. Mais, continuons.

De vos remarques sur mon style d'écriture, si vous m'autorisez nous passerons rapidement et ne nous arrêterons que sur tous ces : bof ! et autres menteur ! avec encore ces du vécu, à d'autres ! pour ne retenir que les j’adore ! les encore, encore ! adorables ou mieux, tu embellis ma vie ! pour finir par écrire aussi bien que toi, tu es d'un incroyable ! et autres gentillesses. 
Un slip de bain de coton bleu-marine qui déteint ? Plausible mais difficile à admettre, nous méfiant même des amabilités avérées. Le mensonge ? Si vraisemblable qu'on le gobe avec délice, tant nous sommes crédules pour ensuite nous plaindre. Pour ne fâcher personne, disons que j'organise mon souvenir par mon écriture qui voudrait en extraire tout le suc jusqu'à le prolonger par des histoires qui deviennent nôtres et que j'aimerais inoubliables alors, peu importent les petites retouches à la mémoire. Contents ? Bien !

Fiction ou non, reconnaissez que je sais faire des histoires sans révéler de noms pour que personne ne me fassent d'histoires et, comme les protagonistes s'y retrouvent elles ne peuvent qu'être véridiques. Je sais aussi que d'autres aimeraient bien que je les nomme pour passer à la postérité ! 
Ceux que je cite, à commencer par René ? Mais, il n'a nul besoin de mes écrits, ses enluminures parlant pour lui. Américo, parce qu'il m'aime bien jusqu'à me trouver ce talent qu'il partage par ses ajouts et aussi pour la beauté de son prénom. Rolando, Fanny, le petit Alex, Ménie que j'aime, et même le Pierrot, lui qui n’apprécie pas toujours mes rares écrits épicés et j’en passe et des meilleurs dont Markus, Claudius, Youssef et sa bombinette… tient il y a longtemps que je n’ai reçu de leurs nouvelles de la belle province du Canada. Faudra que je m'occupe d'eux.

Et donc, pour abréger, voici l'histoire de ce slip de laine tricotée ou de coton crocheté, je ne sais, mais couleur bleu-marine petit teint qui faisait ma joie dès que le printemps revenait et que ma scolarité me gonflait. Or, en ces temps-là, il était une baignade sur une cascade construite de main d'homme pour arroser les pommiers alentours...

Pardon, j'oubliais Ana Maria qui, heureusement pour nos Scrabbles du soir maîtrise quatre langues et, comme bonne à tout, bonne à rien m’autorise de belles victoires qui l'énervent, mon Anne-Marie à qui j’aime bien offrir des frousses mémorables dans ma petite Panda aussi jeune qu’elle. Pensez : 26 printemps, et une de ces santé, tout au moins pour cette vieille Bianca qui a réussi son dernier contrôle technique avec brio, nonobstant (j'aime bien ce mot, voilà pourquoi !) oui, nonobstant le collecteur d’échappement que la Fiat ne fabrique plus.
- Danse, on l’écrit dance… non ? Comme dancing ?
- Dancing est un anglicisme francisé, Ana Maria. Danse avec un C être seulement british. Entre vous et moi, cette danse au dancing, aurais-je pu l'inventer ? Non : que du vécu amélioré !

Avant que de vous entretenir de ce slip mémorable mais pas croyable qui s'allongeait en se gorgeant d'eau, je tiens à me justifier sur mes nombreuses interpellations : à part mes amis, qui ai-je moqué ou dénigré dans mes écrits réalistes ? Personne. Pardon : j’allais oublier l'autre, notre municipal Vigilante de beauté toute dans son bel uniforme bleu-marine... tiens, comme mon ancien maillot de bain, et qui me déteste et me haïra encore plus pour mes écrits quand il poursuivra son apprentissage à la lecture, en passant au B de braire. Il aurait même réussi à ânonner pour son examen du A, comme abruti. Alleluia !

Tiens, il semble que si l'âne de Maurin revenait à l'instant, je pourrais me replonger dans l'eau froide de la chaussé, comme à l'époque. Heureux présage que je puisse me relancer dans mon passé grâce à la vision d'un ânon pour ensuite glisser dans mon slip de bain de laine ou de coton bleu-marine, cadeau de la marque "Maman" et qui laissait tout voir de ce qui n’était pas encore honteux et ne le deviendra jamais, pour moi s'entend. Mais, dois-je continuer mon récit ? Vous l'aurez voulu.
Petit ajout : pour s'asseoir à tenter de sécher son maillot sur les rocher, il nous fallait compter des heures et la station assise révélait plus que la station debout nos petits attributs. Nous avions opté pour la méthode couché sur le ventre plus adéquate à ce faire, et va savoir pour quoi d'autre avec le soleil qui vous excitait. 

Bien ! Bifurquons encore une fois pour louer mes efforts d'écriture et voyez qu’à part Vigilante, dont je n'ai nulle envie de citer le nom puisque je ne lui veux aucun mal, ce qui n'est pas son cas, dans toutes mes blagues, mes fariboles, mes mirobolantes, mes incroyables, appelez mes histoires comme il vous plaira, je ne cite aucun nom sans autorisation, tout est vrai. Toutefois, si le récit prend quelques privautés avec le souvenir, pourvu qu'en restant plausible cette petite nouvelle vous plaise.

Je vous vois languissant, aussi j'abrège et retrouvons ce slip de coton crocheté qui déteint en bleu-marine sur mes gambettes, et poursuivons sur le chemin de la rivière jusqu'à la chaussée de Rochebelle.

dimanche 22 mai 2016

Chanson à boire à l’amitié


La belle chanson à boire que nous avions commencé à entonner, que je vous l’apprenne

"A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux,
Sans toutes nos femmes nous serions tous des frères !
A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux,
Sans toutes nos femmes nous serions tous heureux !"

Oh, et qui ne connaît une autre chanson à sacrifier à l'amitié?

"Boire un petit coup c'est agréable,
Boire un petit coup, c'est doux,
Mais il ne faut pas rouler dessous la table
Boire un petit coup c'est agré-a-a-ble, 
Boire un petit coup, c'est doux." 

Deuxième couplet que nous signalons au passage car depuis peu, tout comme les Crèches de Noël il s'est fait interdire d'espace publique, laïcité bien comprise oblige à moins de remplacer le jambon par le mouton bien plus correct. Quant à la saucisse, on cherche encore. Certains chantent le saucisson hallal. Soit, mais la rime n'y retrouve pas son compte :

"J'aime le jambon et la saucisse,
J'aime le jambon, c'est bon
Mais je préfère mieux le lait de ma nourrice,
J'aime le jambon et la sauci-i-sse,
J'aime le jambon quand il est bon !

Voyez que même nos anciens avaient prévu le coup en remplaçant le cochon par le lait, prudence étant mère de sûreté et de tranquillité. 

Libre aux puristes de la chanson françaises de s’insurger en constatant que j’ai légèrement transformé la chanson pour Etienne tout en me rendant justice car j’en ai conservé le sens premier.
Mesdames, vous qui connaissez la musique et voudriez prendre ombrage de cet hymne à l’amitié qui ne fait, en somme qu’assener une vérité première, que ce soit dans cette version ou dans ses originales, je tiens à vous rassurer : comme toute antienne vigoureuse de corps de garde d'armée ou de carabins, les paroles, par leur simplicité touchante se retiennent facilement et peu importe le sens. Appréciez surtout les voix de teneur et de basse, les plus belles car contenant plus d’harmoniques que celles des femmes qui, entonnées à gorge déployée par tous vos hommes à l’unisson ne peuvent que vous émouvoir. Et, le chant ne rend-t-il pas heureux ?

Mais, pourquoi cette chanson à boire plaît-elle tant aux hommes ? Oh, tout simplement pour hurler son bonheur d’être entre soi, et surtout sans les femmes. Et pourquoi cela ? Mais, en grosse et belle bande joyeusement grossière, pouvoir s’ivrogner grièvement en toute tranquillité jusqu'à rouler dessous la table, une fois n’est pas coutume sachant que leurs dames heureusement absentes ne feront pas les gros yeux et ne donneront pas de la voix pour rappeler que le couple existe en arguant que l’amour primerait l’amitié. Peut-on ainsi constater que les dames n’apprécient pas du tout, mais alors-là par du tout et encore moins les performances viriles ? On le peut !
Mais, pour les hommes cette absence inespérée de leurs compagnes leur est indispensable à cette liesse arrosée comme il se doit sans être jugé, et surtout pas par leurs femmes, l’amitié entre hommes a de ces obligations que le cœur peut comprendre. Mais que les femmes ne pourront jamais encaisser.

D’autres compagnes pensent faussement que leur mari, ivrogne de naissance profiterait de l’excuse de l’amitié pour multiplier les agapes. Peut-être ne biberonneraient-t-ils que depuis leurs obligations militaires ou les fêtes votives de leurs 16-20 ans ? Elles ne savent, n’ayant rencontré leur chéri qu’à l’occasion du bal de Prat Coustal l’été 76 où il a fait si chaud… non, c’était à la fête de Bréau, début Août de la même année.

Certaines cherchent encore ou pourrait bien se situer leur histoire d’amour au milieu de cette ola de coudes levés à la santé du poivrot qui s’accompagne toujours de braillards avinés, et nous ne savons comment les rassurer. Parce que la chanson, elles la connaissent bien et, par purisme il nous faudra bien remettre les garces à leur place pour retrouver la chanson originale. Ecoutez la version A :
"Sans toutes ces garces nous serions tous des frères" et nous finirions par :
"Sans toutes ces garces nous serions tous heureux".
La vérité m'oblige toutefois à vous signaler la version B que certains hommes préfèrent et qui remplace "toutes ces garce" par "ces garces de femmes" plus misogyne.
Dans les versions A et B, le ou les auteurs suggèrent bien fortement une entrave au bonheur des hommes. Je vous laisse deviner laquelle et, entre toutes les femmes et ces garces de femmes, le message de la chanson en aurait-il été bonifié ? Peut-être bien possible, mais si peu.
- Tous les mêmes. Ça, des amis, les amis de ton mari, Simone ? Et du mien ? Que des poivrots. Pas besoin de se le demander. Oui, mon homme aussi…

- Mais, non, des imbéciles heureux voudrait la rassurer Simone, c’est une très ancienne chanson française qui exprime l’amitié par la boisson et dans laquelle garce n’est que le féminin de gars. N’y vois pas mal.
Bravo, Sylvie, ton homme aussi use de la langue de Molière. Moralité ? Nos compagnons d’aujourd’hui retarderaient en restant vieille France, à moins que notre belle langue, en évoluant dans le temps ait pu transformer toutes les femmes en de belles garces. Oui, belles, entendez bien, galanterie oblige
- C’est ton mari qui te l’as expliqué ? Ma pauvre amie, que tu acceptes d’être une garce pour lui, libre à toi. Pas moi ! Et ton chéri qui se moque de toi. Eh, oui, Simone. Une belle garce. Demande à ton mari quand il sera en colère, si jamais ça lui arrivait. Demande toujours.

Et que dire de l’ami du couple, encore que nous puissions douter fort que cela puisse exister, ne serait-t-il que cet intrus souvent de trop entre les chéris ? Si en plus il pousse votre conjoint à boire comme un trou, et si c’est à ça que sert l’amitié, vous avez  de justes raisons de vouloir écarter ce fâcheux, mesdames. Mais, s’il vous plaît, faites-le avec tact. Merci pour lui et pour nous.

samedi 21 mai 2016

La taule avec sursis


Nous recevons un courrier d’Anne A. très inquiète car son compagnon, condamné au Tribunal de Grand Instance de B. ne réalise pas la gravité de la situation, mais alors là, pas du tout.

- Chère Ménie. Je sais que Gilou a écopé d’une peine d'un an de prison pour violence volontaire réduite à 4 mois en appel, effectuée à la maison d’arrêt de Nîmes, assortie de deux ans de mise à l’épreuve avec 6 mois d’obligation de soins.
Mon copain, lui clame à tous que le tribunal, en faisant preuve de clémence montrait que son affaire ne présentait pas de gravité exceptionnelle. Pourquoi ? En ne suivant pas les lourdes réquisitions du procureur, mettant ainsi en doute la parole des gendarmes qui faisaient état d’un refus d’obtempérer à se soumettre à une prise de sang.

Or, je suis inquiète car j’ai beau lui expliquer que, d’abord le tribunal n’a en aucun cas infirmé le rapport de gendarmerie, qu'ensuite les 8 mois de prison même si assortis de 2 ans de sursis, l'amende de 135 euros, (il est au RSA), l'obligation de 6 mois de soins pour conduite en état d’ivresse (positif au ballon), refus d’obtempérer à se soumettre à une prise de sang (ce qui n’est pas de la responsabilité de mon compagnon, il est vrai, la gendarmerie aurait dû le contraindre), non présentation de l’attestation d’assurance, cela fait fait beaucoup.
Si je dois remercier les juges pour leur clémence, mon compagnon n’a encore rien compris de la gravité de sa condamnation et des obligations draconiennes qui en résultent. Et donc des risques encourus.

Il est vrai que nous n’avons pas encore reçu les attendus du jugement, mais moi je sais que mon mari, en minimisant sa condamnation, se met en danger parce qu’il n’a pas bien compris la sanction qu’il traite à la légère pour fanfaronner. Tenez, il croit même qu’il lui suffit d’avoir un certificat médical de son médecin traitant pour montrer qu’il est guéri. Mais, moi je lui dis qu’il doit se soigner pour son alcoolisme en allant suivre une thérapie chez un psychiatre. Parce qu’il boit souvent, et souvent trop. Lui, il se moque de moi. Pareil, il me demande : "C'est quoi cette connerie de SPIP, encore un sigle qui sert à rien ?"
Voila le but de ma lettre : pourriez-vous demander à Gilou, que mon copain adore pour son humour lui expliquer les choses mieux que moi pour lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ?».

PS : Mon compagnon, ayant refusé l’assistance d’un avocat et de faire appel me dit encore que s’il y avait eu recours, son affaire se serait déballonnée au tribunal, surtout pour les gendarmes. Il est fou ! J’oubliais de dire que son affaire a été jugée en dernier, ce qui pour lui était un bon signe.
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La réponse de Ménie : Chère Anne. Merci de nous témoigner autant de confiance. Votre lettre méritait une prompte réponse et, Gilou absent pour cause d'une semaine de prolongation pour décuver de sa Féria de Pentecôte de Nîmes, je prends la liberté de vous répondre de femme à femme. Toutefois, j'ai demandé le péremptoire conseil de l'ami Américo qui, tout poète soit-il n'en a pas moins les pieds sur terre. Je vous livre son appréciation :

- Ménie, mais qu'est-ce qu'elle peut bien foutre, ta copine Anne avec ce type, cet abruti de naissance. Croire qu'il peut évoluer en mieux ? Foutaise ! Elle doit aussi avoir un pet au casque à s'inquiéter sur ce moins que rien qui met tout le monde en danger au volant en croyant faire la nique aux flics et aux juges.

Ma chère Anne, vous voudrez bien excuser le franc parler d'Américo. On ne le changera pas. Et, comme il dit si bien : "Ménie, fallait pas me demander mon avis, si c'est pour te fâcher." Voyez, Anne qu'un avis n'est jamais de trop, même si Américo pousse un tantinet.

Sachez, tout d’abord que lorsque nos hommes se font mauvais garçons, ils ne font pas dans la dentelle. Ce qui saute aux yeux dans votre lettre est votre désarroi bien compréhensible. Si je m’autorisais une privauté, et je sais que vous ne m’en voudrez pas, nous devrions constater toutes deux qu'Américo ne peut qu'avoir raison : votre homme ne serait qu'un parfait imbécile. Quoique abruti soit plus adapté.

Entre-nous, la femme que je suis se met à votre place et nous savons la gravité de toute condamnation et son inscription au casier judiciaire. De plus, elle crée un précédent qui aggravera toute condamnation future en indisposant les juges, et surtout cette mesure de clémence se retournera contre lui  en cas de nouvelle condamnation : on y fera référence.
- Voyez, on lui fait confiance pour s’amender. Et quel en aura été le résultat ? Une récidive. Tapons un peu plus fort, cette fois.

L’amende, vous le constatez est proportionnée à ses revenus, et même inférieure à ce que nous pourrions nous attendre dans un tel cas, quoique votre compagnon dise. Par contre, l’obligation de soin, pour anodine qu’elle soit sera du ressort d’un psychiatre et son suivi contrôlé à chaque convocation d’un service judiciaire, le SPIP. Et, gare à ce que votre compagnon s’y soumette bien, faute de quoi il serait convoqué par le Juge des Liberté qui pourrait le placer directement, et sans autre forme de procès pour effectuer ses 8 mois de prison à la moindre incartade.

Passons maintenant au sursis de 2 ans accordé à votre compagnon. C’est ici que les juges, en accordant cette sorte « d’indulgence » dans leur jugement se montrent redoutables pour le condamné. En effet, à la moindre infraction constatée par les services de police dans laquelle votre compagnon serait impliqué, la prison ferme serait de rigueur : que ce soit pour l’alcool au volant, le défaut d’assurance, un refus d’obtempérer ou pour tous autres délits ne relevant pas du code de la route transmis au Procureur de la République, le sursis tomberait.

Après avoir transmis ma réponse à votre lettre à Gilou pour qu’il me donne son avis, il me charge de vous transmettre ses salutations ainsi qu’à votre abruti et me demande de vous rappeler ceci :

PS de Gilou :
Une affaire jugée en dernier ? Quand il n’y a plus d’avocats et que vous ne pouvez plus y recourir si vous vous sentez en danger ? Et sans public, l’affaire jugée au nom du peuple français se déroulant en une sorte de huis-clos…  quand bien même ce serait la honte du système judiciaire français, et il n’aura pas senti le danger ? Votre compagnon est réellement abruti, comme le dit si bien Ménie.

Croire le sursis de deux années de prison anodin serait se tromper lourdement sur la volonté du juge. Celui-ci en use pour diverses raisons trop longues à énumérer. Mais, sachez bien que cette mansuétude n’est qu’un cadeau intelligemment empoisonné offert par le juge  qui, se lavant les mains de toute détention d’un condamné ne signifie pas moins qu'il le place face à ses responsabilités et que, s’il se retrouvait incarcéré il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.

Mon dernier conseil, Anne ? Que votre abruti se tienne tranquille pendant deux ans, qu'il fasse montre de sa bonne volonté en allant voir un psychiatre et le SPIP pour éviter le Juge de la Détention et des Libertés qui pourrait le faire incarcérer, et peut-être que cette période d’apprentissage salutaire lui permettra de ne plus se mettre en danger sur la route ni risquer d’écraser son prochain suite à une alcoolémie redoutable pour tous. Et vérifiez-bien qu’il ne boive plus et assure son véhicule, quand bien même la conduite sous emprise alcoolique ou la drogue équivaut à une conduite sans assurance.

Et qu’il arrête de croire qu’il peut narguer impunément la maréchaussée : ils sont dix chats de gouttière à la brigade contre un gros chien perdu sans collier qui se croirait permis de caguer* sur la voie publique en oubliant la fourrière. Et, rappelez-lui qu’un chat qui veut tuer son chien l’accuse toujours de la rage. A lui de prouver le contraire !

*caguer : faire ses déjections.

Mon dernier conseil ? S’il ne veut ou ne peut s’amender ? Ne le menacez surtout pas de le quitter. Oh que non !  Un vaurien doublé d’un ivrogne mériterait-il votre inquiétude ? Non. C’est pourquoi vous le quitterez sans regret : à tant faire le con, il ne vous aime pas !
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Nous recevons ce jour, 23 mai 2016 à 23h15 une boulette bien sentie au parfum de chiotte du copain d'Anne qui ne semble plus apprécier l'humour de Gilou dont l'intitulé : "Gilou, je t'emmerde !" est tout un poème. Suivent quelques mots de la même eau de toilette : "Tes conseil, tu sais ou je me les met ? Au chiote. Abruti toi-même !" (sic).


Réponse du berger à la bergère :
"Collègue, écoper d'un sursis de deux ans c'est comme si tu étais en prison sans y être tout en y étant. La différence ? Simple : tu es à la fois le détenu et ton propre gardien, crapule et maton à la fois... tu arrives à vivre avec ça ? Comme cela ne coûte pas un rond à l'état, ni pour le gardiennage, ni pour nourrir le détenu, imagine que pour une fois tu te rendes utile. Les juges ne t'auraient-ils pas couillonné quand même pendant deux ans, et deux ans c'est d'un long, long comme le carême espèce d'abruti qui n'a rien compris à rien. Capice ? Aussi Gilou te retourne ton compliment enveloppé dans un joli paquet cadeau. Et ruban assorti. Et à chacun sa merde ! Espèce d'abruti. 
                                                  Signé : Gilou, ton copain."

mardi 17 mai 2016

A la tienne mon vieux !


- En admettant que tu sois riche comme Crésus, combien payerais-tu pour avoir des amis ?
- Combien, combien ! Mon pauvre vieux, mais j'en ai plus qu'il n'en faut ! Bon... d'abord, ta question mal posée pose d'emblée l'achat d'amis plausible. Non, non : ne dis pas non ! Bien. Remarque que j'ai toujours payé de ma personne pour mes amis quitte à les défendre au besoin, ce qui peut mettre en porte-à-faux avec la loi. Là ! Alors, comment peux-tu croire que l'amitié, qui ne me pèse aucunement ne me coûte pas ? Voyons !

Si je n’avais pas, d'amis ? Impossible, et là tu me connais. Si je ne savais m'en procurer ? Je mettrais les moyens pour m’en payer au moins un, tout en maquillant la transaction. Par exemple, je t'achèterais, toi mon ami, surtout pour le plaisir de pouvoir me moquer de quelqu'un sans risque ! Mais non, je rigolais, mais pas toi qui m'imaginais seul, ne trouvant plus mon équilibre perché là-haut sur mon tas d’or, sans ami avec qui partager le verre à l'amitié. Acheter de l’amour ? Demande aux parents qui, eux en connaissent un rayon. On s'achète depuis la nuit des temps, alors, pour l’amitié... impossible ? A d’autres !  Là, je ne plaisante pas. Disons que, dans certains cas, par nuit de grande solitude, la pluie, l'hiver, un bar encore ouvert, un verre offert, une très belle inconnue... Et, pourquoi pas ? Serait-ce acheter de l'amitié et plus si affinités ? Je ne le pense pas. Un début de drague, sans plus.

Moi, sans argent, et sans fausse modestie aucune j’avoue avoir plein d'amis et eu moult aventures et, attention quand même, toujours payées en retour, d'amour s'entend. Et aucune déception en amitié. Et ce n'est pas fini. Il n’est qu'à demander à Fanny, avec qui nous formons un couple cool, vraiment uni qui reçoit beaucoup, moderne, quoi ! Même que cela l'amuse et qu'elle n’y voit pas mal à mes frasques. Enfin, à ce qu’elle dit, ce qui m’arrange fort bien.
- Tu ne devrais pas en être si sûr, elle te le fera payer un jour.
- J’aimerai bien voir ça, non mais dites donc, ma chère Ménie !

Mes amis, vous mes lecteurs, cela ne vous dérangerait-il pas de m'accepter comme un véritable ami ? Merci, oui merci ! Donc, mes amis, reconnaissez que si je devais boire à la santé de l'amitié et de l'amour plus que ne pourrait écluser dans toute sa vie un honnête homme, vous comprendriez que je n'ai ni ami, ni amour ce qui vous arracherait ce délicat sourire en coin suite à cette petite impertinence. Non, non...ne dites pas non ! Et c'est pourquoi je me tais.
De plus, les amis, qui d'entre vous prendrait plaisir à me faire de la peine, vous qui prisez tant cette sensibilité qui m'honore jusqu'à me poursuivre dans cet écrit ?

(Post-scriptum à cet alinéa pour vous signaler à nouveau une habitude à prendre. Voilà : s'il est bon d'avoir des relations suivies avec plein amis, entretenir plusieurs amours à la fois est plus que déplorable, à ce qu'on dit quoique rien que pour la performance physique, l'appétit venant en mangeant, avouons que cette cocasserie soit plaisante et ravigotante. Tant que rien ne fuite.

Pourtant, si pré nouveau réjouit le veau, et qu'il est charmant de le voir batifoler à loisir dans l'herbe grasse et tendre, c'est mal de se disperser en amours diverses, j'en conviens et ne le ferai plus, honnêteté oblige et surtout parce qu'il m'est arrivé de me tromper de prénom dans des situations de tendres menteries. Mon conseil pour de telles amusettes : s'il vous plaît, oubliez les prénoms et appelez toutes vos consorts, chérie. Impérativement.

Et vous, Mesdames, vous qui aimez qu'il vous donne du chérie devant toutes les jalouses qu'il convoite, rappelez-vous que votre chéri, puisque c'est ainsi que vous aimez à le nommer est un homme normal, et oubliez ce post-scriptum qui ne le concerne pas : il vous aime, soyez-en sûre, puisqu'il vous le dit ! Pas vrai, Chérie ?)

Mes amis, si je n’en possède pas à la pelle je me les garde pour moi tout seul. Tiens, curieux que cette expression familière de posséder des amis. Par contre, se faire des copains de bistrot pour se mettre propre dans un joyeux brouhaha ou préférer se saouler en toute élégance en belle compagnie au parler mondain sans sacrifier à l'amitié, la mauvaise langue oblige, quoi de plus normal ?  Posséder des amis, charmante expression toutefois tant que l'ami ne se vante pas de vous avoir bien possédé.

Je tiens à préciser que le nombre de mes amis ne débordera jamais d’un cercle plutôt restreint. Pourquoi donc ? Mais, par commodité, la gestion de l’amitié se révélant difficile et puis, trop c’est trop. Que faire si certains s’attristaient en découvrant cet écrit et se sentaient hors du cercle ? Rien. Ils n'auraient qu'à se défâcher sans pleurnicheries. Voilà, c'est dit. Quant aux autres ? Qu’ils continuent à se prendre pour mes amis qui, dans le doute et l'espoir ne pourraient m'en vouloir, je le sais et, le temps aidant et Dieu voulant devenir des proches. Et qui sait, de très chers amis.

En parlant d'encombrement d’amis,certains ne comprennent pas car j’ai susdit que je ne m’entourais que d'un cercle restreint se comptant sur les doigts des mains. Suffisant, n’est-ce pas ? Et encore là, je me vante un peu. Notez que ma gêne tient plus au fait de me mettre à leur entière disposition et aux petits soins pour eux, l’amitié exigeant beaucoup et, vous l’avez éprouvé : un seul ami peut vous prendre tout votre temps. Alors, en avoir autant que Valls et Dieudonné, que je vous dise l'éreintement : dans la tristesse pour l'un, la félicité pour l'autre.
Ne dit-on pas qu’il faut, de ses amis prendre soin ou accepter de ne pas en avoir ? Ah, là ! Mais, trop d'amis nous ferait aussi un trop plein d'ennemis en accompagnement, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Admettons que vous n’ayez rien saisi. Tant pis, mais revenons à cette difficulté à entretenir des relations suivies. Par ma démonstration j'aimerais vous faire comprendre la différence qui oppose la simple amitié de l’amour qui se voudrait parfait, tout au moins dans les premières approches, ces temps de la découverte où l’on ne fait encore l’amour qu’avec ses mains, les doigts se caressant, l'amour planant. Et voila qu’ensuite, nous rapprochant du soleil tel Icare volant toujours plus haut pour atteindre cet inaccessible qui voudrait que l'autre change par amour pour vous… et puis aie, patatras. La chute ! L'autre, cet autre vous-même des premiers jours qui tant vous transportait devient importun dans votre lit d'amour. Sa faute ? Avoir voulu vous plaire, par amour de vous. Dommage pour le couple que le mieux soit l'ennemi du bien, et voyez ou peut mener l'abandon en amour. A l'abandon !

Maintenant, revenons sur terre avec un sujet pour le Baccalauréat. Choisissez et justifiez :

1°) -Parler de l'amitié finit toujours par un discours sur l'amour. Pourquoi ?
2°) -Si l'amitié amoureuse existe, alors l'amour en toute amitié serait du domaine du possible.(G-P KHIAL dixit).

Développez. 

De l’amour en sa survivance ? Peuchère, je ne donne pas cher de sa peau car il s'inscrit dans le temps, entre celui d'avant et celui d'après. Voilà pourquoi il passe, sa force résidant dans cette nécessité essentielle de partage d'un amour doux, sa faiblesse dans la passion violente. A contrario, l'ami vivant au pays des certitudes, considérant les tracas de la vie comme tous surmontables n'exige rien en retour ni veut vous voir évoluer en mieux, vos défauts faisant votre plus.

Aussi, bienheureux celui qui cultive l'amitié avec ses amis et met tous les jours une pierre blanche dans l'Eden commun pour le protéger, mais toujours ouvert sur l'intrus !
Mais, de l’amour ? Parlez-moi-z-en pas de ce paradis qui finira bien par apparaître comme enfer en filigrane dans les "je t'aimerai toujours". Oui, à jamais mais jusques à quand ?

-Et à la tienne Etienne, à la tienne mon vieux ! Et à nos amours.