lundi 30 mai 2016

Le slip de bain crocheté - 1/4


Mes écrits tournant souvent autour de ma vie, comment comprendre que certains s'acharnent à me questionner sur la véracité de mes écrits, et que leur répondre pour qu'ils cessent enfin ? Que je carbure au café, au pastis et aux cigarettes pour appeler l'imagination à la rescousse ? (J'ai repris la clope. Je sais, ce n'est pas bien). Moi, j'avoue que j'embellis quelque peu mes souvenirs d'enfance qui, à mon insu sortent de ma réalité jusqu'à devenir vôtres, et j'en suis heureux.
Ce que je m'apprête à vous narrer n'est que de mon histoire, celle du jeune garçon que j'étais et qui disparut, se noyant au creux de mes souvenirs et que j'essaie de ranimer.

Tout mon être passé, devenu insignifiant ne s'inscrit plus que dans mon souvenir qui s'éloigne toujours plus de moi par l'écriture pour finir irréalité, comme à devenir la vie d'un autre, en fuyant encore plus rapidement lorsque je bute sur mes mots pour mieux attendrir le lecteur qui prend le temps de la rencontre. Et m'en faire aimer, aussi par mon écriture laborieuse que je veux la plus belle avec, à chaque fin de mes petites histoires une sorte de déchirure douce-amère.

C'est parce que vous me lisez que j'aurais cette chance de replonger dans le passé en petit garçon maigrichon avec son slip de bain informe qui lui faisait comme une couche culotte de bébé pleine. De caca ! Moi qui me revois ainsi, ne me demandez plus d'écrits certifiés conformes à la vérité, sachant que l'instant présent se change instantanément à chaque seconde de la vie pour disparaître du réel et n'exister que par votre seul et fol souvenir.
Oh, ce caleçon de bain bleu marine, faut-il vous dire qu'il déteignait sur mes jambes? Et, est-ce si important de le noter ? Je crois bien que oui. Mais, continuons.

De vos remarques sur mon style d'écriture, si vous m'autorisez nous passerons rapidement et ne nous arrêterons que sur tous ces : bof ! et autres menteur ! avec encore ces du vécu, à d'autres ! pour ne retenir que les j’adore ! les encore, encore ! adorables ou mieux, tu embellis ma vie ! pour finir par écrire aussi bien que toi, tu es d'un incroyable ! et autres gentillesses. 
Un slip de bain de coton bleu-marine qui déteint ? Plausible mais difficile à admettre, nous méfiant même des amabilités avérées. Le mensonge ? Si vraisemblable qu'on le gobe avec délice, tant nous sommes crédules pour ensuite nous plaindre. Pour ne fâcher personne, disons que j'organise mon souvenir par mon écriture qui voudrait en extraire tout le suc jusqu'à le prolonger par des histoires qui deviennent nôtres et que j'aimerais inoubliables alors, peu importent les petites retouches à la mémoire. Contents ? Bien !

Fiction ou non, reconnaissez que je sais faire des histoires sans révéler de noms pour que personne ne me fassent d'histoires et, comme les protagonistes s'y retrouvent elles ne peuvent qu'être véridiques. Je sais aussi que d'autres aimeraient bien que je les nomme pour passer à la postérité ! 
Ceux que je cite, à commencer par René ? Mais, il n'a nul besoin de mes écrits, ses enluminures parlant pour lui. Américo, parce qu'il m'aime bien jusqu'à me trouver ce talent qu'il partage par ses ajouts et aussi pour la beauté de son prénom. Rolando, Fanny, le petit Alex, Ménie que j'aime, et même le Pierrot, lui qui n’apprécie pas toujours mes rares écrits épicés et j’en passe et des meilleurs dont Markus, Claudius, Youssef et sa bombinette… tient il y a longtemps que je n’ai reçu de leurs nouvelles de la belle province du Canada. Faudra que je m'occupe d'eux.

Et donc, pour abréger, voici l'histoire de ce slip de laine tricotée ou de coton crocheté, je ne sais, mais couleur bleu-marine petit teint qui faisait ma joie dès que le printemps revenait et que ma scolarité me gonflait. Or, en ces temps-là, il était une baignade sur une cascade construite de main d'homme pour arroser les pommiers alentours...

Pardon, j'oubliais Ana Maria qui, heureusement pour nos Scrabbles du soir maîtrise quatre langues et, comme bonne à tout, bonne à rien m’autorise de belles victoires qui l'énervent, mon Anne-Marie à qui j’aime bien offrir des frousses mémorables dans ma petite Panda aussi jeune qu’elle. Pensez : 26 printemps, et une de ces santé, tout au moins pour cette vieille Bianca qui a réussi son dernier contrôle technique avec brio, nonobstant (j'aime bien ce mot, voilà pourquoi !) oui, nonobstant le collecteur d’échappement que la Fiat ne fabrique plus.
- Danse, on l’écrit dance… non ? Comme dancing ?
- Dancing est un anglicisme francisé, Ana Maria. Danse avec un C être seulement british. Entre vous et moi, cette danse au dancing, aurais-je pu l'inventer ? Non : que du vécu amélioré !

Avant que de vous entretenir de ce slip mémorable mais pas croyable qui s'allongeait en se gorgeant d'eau, je tiens à me justifier sur mes nombreuses interpellations : à part mes amis, qui ai-je moqué ou dénigré dans mes écrits réalistes ? Personne. Pardon : j’allais oublier l'autre, notre municipal Vigilante de beauté toute dans son bel uniforme bleu-marine... tiens, comme mon ancien maillot de bain, et qui me déteste et me haïra encore plus pour mes écrits quand il poursuivra son apprentissage à la lecture, en passant au B de braire. Il aurait même réussi à ânonner pour son examen du A, comme abruti. Alleluia !

Tiens, il semble que si l'âne de Maurin revenait à l'instant, je pourrais me replonger dans l'eau froide de la chaussé, comme à l'époque. Heureux présage que je puisse me relancer dans mon passé grâce à la vision d'un ânon pour ensuite glisser dans mon slip de bain de laine ou de coton bleu-marine, cadeau de la marque "Maman" et qui laissait tout voir de ce qui n’était pas encore honteux et ne le deviendra jamais, pour moi s'entend. Mais, dois-je continuer mon récit ? Vous l'aurez voulu.
Petit ajout : pour s'asseoir à tenter de sécher son maillot sur les rocher, il nous fallait compter des heures et la station assise révélait plus que la station debout nos petits attributs. Nous avions opté pour la méthode couché sur le ventre plus adéquate à ce faire, et va savoir pour quoi d'autre avec le soleil qui vous excitait. 

Bien ! Bifurquons encore une fois pour louer mes efforts d'écriture et voyez qu’à part Vigilante, dont je n'ai nulle envie de citer le nom puisque je ne lui veux aucun mal, ce qui n'est pas son cas, dans toutes mes blagues, mes fariboles, mes mirobolantes, mes incroyables, appelez mes histoires comme il vous plaira, je ne cite aucun nom sans autorisation, tout est vrai. Toutefois, si le récit prend quelques privautés avec le souvenir, pourvu qu'en restant plausible cette petite nouvelle vous plaise.

Je vous vois languissant, aussi j'abrège et retrouvons ce slip de coton crocheté qui déteint en bleu-marine sur mes gambettes, et poursuivons sur le chemin de la rivière jusqu'à la chaussée de Rochebelle.

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