vendredi 30 décembre 2016

Il était une fois rien - 3

Voilà, voilà. Mon, histoire prenait forme dans ma tête. Bon, mais il nous fallait un nom à notre personnage qui fasse couleur locale, pas comme Stevenson... encore moins biblique, genre Elie, Aaron, Josué, bien trop protestants. A la rigueur Joseph, ça peut le faire. Toutefois, nous avons le temps de le baptiser, mais si possible en prenant bien garde qu'il ne périsse dévoré par les loups, le Ciel ne nous le pardonnerait pas. 
Pourquoi ? Mais parce que nous serons appelés par nos noms pour accéder au Paradis, voilà pourquoi !

Tiens, et si nous faisions venir notre ostrogoth d'Ecosse ? Il porterait un patronyme bien français, comme Robert Louis sans trait d'union, et ce afin d'améliorer notre récit. Il s'accompagnerait d'une gentille ânesse, une miniature pas plus grande qu'un gros chien à qui je me trouverais un beau nom. Et, que penseriez-vous de Modestine ? 
Robert Louis Stevenson et Modestine, voyageant en Cévennes, ça le ferait, n'est-ce pas ? 

Non, rien n'irait plus, aussi continuons, le conteur ne pouvant s'égarer longtemps, ni céder à la facilité, encore moins à l'imitation. Diverger, soit mais pour reprendre le sentier connu, le tenir et bien le suivre. Et puis, cette histoire d'ânesse, je ne me la sentais pas trop. Pourquoi ? Mais, bon sang ! Ne comprenez-vous donc pas ? Ne voyez-vous pas que la pauvresse n'aurait jamais pu passer le Col de la Séreyrède. Que faire ?

Certains, je le sens, les plus compatissants aimeraient la voir confiée au Relais de Poste de l'Espérou. Un abandon, est-ce de l'amour, de la miséricorde, allons donc ! On s'y était déjà attachés : impossible. D'autres, nature nous voyant braver les éléments s'attendraient à ce que je fasse donner les loups. Je pourrais toujours, aussi, que l'on ne m'y pousse pas. Mais non... la garder avec nous devenait une faute impardonnable car il ne nous restait plus qu'à sacrifier le pauvre animal pour sauver notre vie, à tout le moins celle de notre gentil inconscient, et là, voyez que le merveilleux foutait le camp.

Par ailleurs, reconnaissez qu'avec une ânesse dans le récit, mon histoire devenait un véritable compte de Noël à l'imitation de la Fuite en Egypte de Joseph et de Marie pour sauver le petit Jésus, ce Roi des Juifs qu'Hérode voulait mettre à mort. On pouvait garder Modestine jusqu'à l'abbaye du Bonheur. Mais non, définitivement non car pour sauver cette petite bête si attachante il nous faudrait un miracle. Attendu de la miséricorde divine? Allons donc, oublieriez-vous que je suis seul maître du jeu ? Et, même si je désirais ardemment la tenir en ma haute protection, je ne me sentais pas capable de la sauver, aucun de mes mots ne pouvant la tirer du péril. Dommage quand même.

Donc, je balançais n'étant pas encore parvenu à trouver tous les éléments de mon conte de Noël car, si je tenais bien le merveilleux, ne manquait plus que la Providence divine.
Et, pourquoi pas, à un moment, notre jeune homme n'aura-il entendu distinctement :

- Monte sur un arbre pour mieux te repérer.  C'était Satan !
- Non, surtout pas ! Les loups te repèreraient plus facilement. 

Mon Dieu, cette voix... Celle de sa novia ? C'était bien elle, à n'en point douter. Le bonheur ? Mais, il l'avait déjà trouvé avec elle, mais Bon Dieu, où pouvait donc bien se cacher cette "p... de m..." d'abbaye du Bonheur ? Non, non, ni ne jure, ni ne sacre ! Arrête-toi, l'ami et prête l'oreille. N'entends-tu pas une cloche qui t'appelle, remplissant tout l'espace pour couvrir le hurlement plus lointain des loups ?

Possédant le merveilleux dans le danger, avec la sauvegarde quasi-miraculeuse de mon jeune héros par mes mots vigoureux qui
le tireraient de la griffe et de la dent du loup pour le remettre sain et sauf dans les bras de sa novia, j'avais tous les ingrédients d'un conte de Noël qui se respecterait, vous pouvez imaginer mon bonheur. Et ma fierté d'avoir réussi là où tous doutiez de moi.

Donc, ravi de tenir une bonne histoire et content de moi... pas plus que d'habitude, me diriez-vous? je vous l'accorde, je remis délicatement mes doigts sur le clavier de ma Bébette, mon ordinateur, pris tout mon temps, soufflais longuement et... Mazette, qu'était-ce encore ?
Sur l'écran je découvris, sans trop y croire qu'un mot inattendu s'y inscrivait comme de lui-même : ...rien !" Rien. Point barre. Qui l'eut cru ?

Et, cela faisait : Il était une fois rien ! A ce moment précis, je sentais que mes yeux s'ahurissaient. Comment, il était une fois rien ? Etait-ce déjà la fin de mon conte de Noël, pas encore commencé que déjà terminé ?
Honnêtement, il est des moments qui vous mettent cul par dessus tête puis, on se dit :
-Et que t'importe ce tout petit rien ? 

C'est vite dit, mais lorsque transis vous parvenez tout juste à vous extirper d'un forêt profonde pour arriver sur le plateau avec l'abbaye du Bonheur en vue alors que vous frôliez la mort et que vous voilà revenu à la vie, on est en droit de s'étonner de ce tout petit rien quand bien même la vie ne tiendrait que dans cette accumulation de petits riens tous miraculeux qui en font la toute grandeur. Non, non, pas par l'accumulation mais simplement que, chacun leur tour, se faisant les marqueurs de votre "présent" en se combinant en votre mémoire devenaient un tout et, de votre histoire ces petits riens ne sont-ils pas la preuve éclatante que vous existez vraiment ?
Oui, je sais que c'est bel et bien dit. On ne peut mieux ? Mais, je le sais bien.

Reprenant mes esprits je me dis que de ce début foireux pourrait bien naître un écrit génial, proprement génial. C'était mon sentiment, alors. Alors ? Mon histoire à la merci de ce petit rien, tant pis je savais pouvoir faire avec, m'en accommoder.
Je m'inquiétais pourtant car je pressentais que ce petit rien allait me retarder et que ce joli compte de Noël risquait de se perdre dans la neige de la vallée du Bonheur si je n'y prêtais attention, ou que je ne pourrais vous l'offrir que pour la Noël 2017, bien après la ré-élection de François Hollande pour son deuxième mandat de Président de la République Française, autre conte de Noël en cadeau pour la même année.

Pour mon plus grand soulagement, l'arrivée de la lettre de Jojo sur la Gay Pride de Varsovie en 2006 me sauva sur le gong. Pour ma part, je refusais de considérer cette histoire de pédés en véritable conte traditionnel de Noël car, si le danger n'y manquait pas, même si le merveilleux s'y trouvait pourtant bien inscrit, la rencontre merveilleuse avec Margozara en faisant foi, cela suffisait-il ? Non, car il y manquait la providence divine à l'imitation de la Nativité, n'est-ce pas ? 
Et la Ménie qui se battait bec et ongles à me répéter que j'étais son obligé. Son obligé ?... manquait plus que ça !

- Je veux et j'exige ! Tu m'as bien entendue, mon petit Gilou. Tu me dois ça ! Mon cadeau de Noël !
Redoutable, la Ménie. Bien une femme, alors cédons. Ou, courage, fuyons !
- Mais, oui, Ménie. Ne nous énervons pas ! Certainement, Ménie, que ton conte de Noël, je ne peux te le refuser.

Il était une fois rien... Rien ? Non mais, dites-donc ! Ce n'est pas Dieu possible.
____________

  Je dédie ce conte de Noël à ma petite chienne, Noémie qui s'en est allée ce vendredi 30 décembre dans  sa dix-neuvième année. Nous l'aimions tant. Qu’elle soit appelée au Paradis par son nom.
Alléluia !
Elisabeth, sa maman et Gilles, son papa.

jeudi 29 décembre 2016

Il était une fois rien - 2


Hey, mon histoire commence bien, on dirait. On sentait le vécu, des dates vérifiables, de petites touches fines de quelqu'un qui s'y connaissait. Moi, j'aimais.
N'empêche qu'il faudra bien que je demande à cet écervelé s'il est jeune marié ou promis. Ça nous intéresse bigrement. Admettons qu'il ne soit que novio, ce qui sonne mieux dans mon récit. Ensuite, il importe de comprendre pourquoi ce type se déplaçait dans cette région, seul, à cette période de l'année, que c'en devenait insensé, l'amour ne justifiant pas tout. Des affaires pressantes à régler ? Sans doute. Et d'où il venait ? Du vécu crédible, que diantre, me disais-je !
Oui, mais de la vraisemblance du récit, on s'en moque car ce n'est qu'un conte, n'est-ce pas ? Absolument pas : et qui voudrait d'une histoire bancale parce que mal assise ? Pas moi, surtout.

Voyez que tous les ingrédients d'un joli conte de Noël, je me les tenais bien en main. Ne restait plus qu'à arranger, distribuer les mots, les avancer à l'aveuglette, tant pis car, avec beaucoup de chance... On peinait dans la neige, comprenez- moi, donc une écriture tâtonnante s'imposait.
Distribuer des dialogues comme j'aime ? Difficile bien que quelques soliloques, j'en aurai à vous en servir, du genre...
-Non, Seigneur, pas ça ! Pas la Bête... ou, plus crédibles :
-Ai-je déjà emprunté ce passage ? Je reconnais cet arbre. Normal, la neige tombait en abondance et recouvrait ses pas. Perdu qu'il était, je vous le disais bien. 
-Si je m'en sors, je me brûle un de ces cierges que j'aurais besoin de mon cousin Firmin pour le porter en l'église Saint-Pierre. Mon Dieu, protégez-moi.*
Tiens ? Notre novio suggérerait-il l'église St-Pierre du Vigan ? Impossible, elle ne sera achevée qu'en 1704 vers la fin de la guerre dite des Camisards. Dommage. 
-Mon Dieu, vois ton enfant ! Tiens-le en ta sauvegarde, me disais-je.

*NDLR : Veuillez noter, par le tutoiement la proximité que nous, protestants entretenons naturellement avec Dieu, notre Père qui est aux Cieux. De même ce "je me brûle un de ces cierge" indiquait que le gars n'était pas si étranger que cela à la région.

Il me restera toujours à dialoguer avec notre inconscient, ce jeunot qui, il faut le reconnaître ne manquait pas de cran à ainsi s'aventurer, courageux s'il parvenait sain et sauf à Meyruès, trop téméraire à risquer ainsi sa vie jusqu'à la perdre sur l'Aigoual. Attendons pour porter un jugement. Mais, à vouloir rejoindre sa belle en se mettant en si grand péril, pensez-vous que, l'apprenant elle aurait apprécié ?
-Mon brave, quelle mouche vous aura-t-elle donc piqué ? Ne saviez-vous pas la montagne impraticable en hiver ? Seriez-vous insensé, jeune homme ?
-Monsieur, je ne vous permets pas. Vous ai-je jamais insulté que vous ayez décidé de m'interpeller de la sorte ? Insensé... moi ? Suffit, et brisons-là !

Oui, ce freluquet semblait bien né mais mal élevé parce que trop fier. Je me trompais sur le bonhomme à cause de son accoutrement : un lourd et ample manteau de cuir noir protégeant de la neige deux longs pistolets accrochés à la ceinture, un large chapeau de feutre noir aussi et un foulard qui ne découvrait de son visage que les yeux lui donnant un regard farouche, façon chauffeur des Grandes Compagnies, une besace de cuir en bandoulière, des guêtres en peau de mouton, un lacet entrecroisé les maintenant fermement tenues et un long et lourd bâton ferré pour assurer sa marche. Redoutable, inquiétant qu'il se montrait ainsi, notre animal solitaire.
Voilà toute mon erreur : le monsieur savait causer en bon français, chose rare à l'époque alors que je l'avais interpellé en patois. Il n'était pas du coin mais m'avait bien entendu. Et moi, qui l'avais pris pour un étranger et un insensé, j'en demeurais parfaitement convaincu, aucun gars du coin ne s'aventurerait ainsi en nos Cévennes par ces temps cause de la pertes de beaucoup d'imprudents qui avaient perdu la tête.

Arrivé le soir par la diligence de Nîmes, il se reposa au Vigan chez des parents résidant, ce me semble près de la porte sud-ouest barrant la Route Royale, aux Barris et repartirait le lendemain pour Meyruès. Sans faute. S'étant enquis de son chemin au soir de son arrivée, il apprit que la Royale qui menait à l'Espérou par Mandagout était fermée suite à des chutes de neige très abondantes, le col de la Lusette (Anciennement La Luzette) à 1300m impossible à franchir. Pour arriver à bon port, on lui conseillait le détour par Millau. Trop long, à son goût.

De Mandagout à l'Espérou, il se faisait fort de forcer le passage de la Lusette. Ensuite, la route directe par le plateau de l'Aigoual à plus de 1500 mètres serait impossible à prendre, les hautes croupes sommitales cévenoles complètement déboisées laissaient le vent fou les parcourir avec des vitesses impressionnantes, accumulant ici la neige en amas impressionnants, la chassant là-bas pour créer des immensités déneigées impraticables car complètement recouvertes d'une glace épaisse, faisant de cette région un véritable enfer déserté par les bêtes et les hommes dès après le col de la Séreyrède. Nul ne pouvait s'y aventurer en hiver. De ça, il était convaincu.

La route qu'il connaissait pour l'avoir pratiquée suivait, depuis Mandagout une des branches principales de la Grande Draille du Languedoc. Pour cette fois il éviterait l'Aigoual. 
Le lendemain de son arrivée au Vigan, il prit la diligence pour Mandagout, à deux lieues environ. Le jour, tout de grisaille assombri mit son temps pour daigner se lever. Encore dans la malle-poste, il rangea sa veste de citadin dans son sac pour se vêtir de son long manteau et lacer ses guêtres.
Dès son arrivée à Mandagout, il prit le chemin de la montagne et ne rencontra la neige que près du hameau du col des Vieilles (qu'on appelait alors, peu temps il est vrai  le col des Damoiselles) puis arriva au relais de Cap de Coste vers les 9h30 où il se fit servir une bonne soupe, offrit ses lourdes bottes à la chaleur du feu de bois de la cheminée monumentale du refuge. 
-Non, Monsieur. Nul ne passe par la Luzette depuis quelques jours. Encore moins la diligence. Et puis, qui pourrait vous prêter assistance si vous aviez un souci ? Personne, ici ne se risquerait dans nos montagnes par ces temps épouvantables.
 
Il remercia et, une demi-heure plus tard il repartait. Rude et longue montée pentue. Le ciel bas était plombé, très sombre et le froid sec durcissait un manteau de neige moins épais que ce qu'on lui avait raconté. Parvenu à l'Espérou, il estimait pouvoir repartir aussitôt vers le Col de la Sereyrède pour prendre le versant ouest plus protégé puis plonger sur Saint Sauveur de Pourcils. De là, tout était possible et, après une bonne nuit de repos à l'abbaye, il aviserait.

Le tenant du relais de Poste de l'Espérou, comme celui de Cap de Coste lui déconseilla fortement d'aller s'aventurer plus avant. De la folie !
-La neige dure, c'est celle que vous rencontrerez jusqu'à ce que vous changiez de versant. On s'y fait. Seulement, de l'Espérou à la Séreyrède, vous monterez en altitude, oh pas de beaucoup mais aucune forêt n'arrêtera le vent qui forme des congères difficilement praticables et, sur l'autre versant, vous constaterez que la neige de la région semble s'y être toute concentrée. 
-La neige ? Mais, j'y suis habitué, mon bon Monsieur.
-Non, après le Col de la Séreyrède, Monsieur, vous affronterez un grand péril cause de bien des malheurs : une neige grasse, collante, où l'on s'enfonce souvent jusqu'à la taille. Et des petits ruisseaux partout invisibles. A éviter. N'y tombez surtout pas, ils sont peu profonds mais causeraient votre perte. 

Et pour notre héros qui osait s'aventurer ainsi, depuis son départ du Vigan comme tout allait pour le mieux, il se dit que Dieu le protégeait. Il reprit donc sa route après une collation légère puis grimpa pendant un long moment sur la croupe ventée menant à l'Aigoual et rencontra le même type de neige qu'à la Lusette. Il avançait vite en suant d'importance. 
En arrivant au Col de la Séreyrède, il posa sa besace, souffla un peu dans une maison qui s'ouvrit à lui. Il ne lui restait que la descente vers Saint Sauveur de Pourcils, une lieue et demi environ, peut-être deux et, c'est à partir de là qu'il comprit le maître du relais de Poste de l'Espérou. On arrivait ici dans un autre monde et il était plus de seize heures.

La nuit allait tomber et depuis le début de sa descente vers l'abbaye du Bonheur, il s'enfonçait encore et toujours plus dans une neige mouillée, grasse, collante, profonde. Une drôle d'affaire, pensa-t-il. Sa progression s'en ressentait et il commençait à bien "fatiguer", comme on dit par chez-nous.
Plusieurs fois il faillit tomber dans des ruisseaux et se sentait maintenant tributaire de la main de Dieu.

Il s'accrocha un instant à sa croix portée au cou, sa vie ne tenant peut-être plus qu'à la ficelle qui la retenait, pensa-t-il. Sa vie attachée à sa croix, oui car, à moins d'un miracle il pressentait qu'il gèlerait sur place à la nuit tombée dans ces forêts profondes, sombres, propriétés de l'abbaye du Bonheur que les moines interdisaient à toutes coupes inconsidérées.
Bel et bien perdu dans le brouillard à se démener dans la neige profonde, une petite voix intérieure le rassurait quand même : il suivait la bonne direction puisqu'il descendait toujours.

Dès après la Séreyrède, la traque des loups avait débuté. Pas bon, se disait-il. D'où pouvait-ils bien venir ? Il les entendait au loin qui se répondaient. Il remercia Jésus, Marie, Joseph et tous les saints car, si les mauvaises conditions qu'il rencontrait risquaient de causer sa perte, elle le protégeaient de la dent des loups plus empêtrés que lui dans cette neige profonde où, heureusement ils s'enfonçaient autant, si ce n'est plus que l'homme qu'ils poursuivaient, le brouillard et le trop d'humidité les déroutant heureusement. Il fallait à chaque pas dégager toute la jambe de la neige pour l'y replonger encore et encore et il comprenait que s'il n'avançait pas plus vite pour se mettre à l'abri, il lui faudrait bien se résoudre à tenir à distance les loups tout en continuant à avancer, chose qu'il savait impossible et qu'il finirait par devoir les affronter.
Il serra son lourd bâton ferré, un bonne arme de défense et savait qu'il pourrait compter sur ses deux pistolets. Deux coups de feu plus une longue canne, ce serait bien le Diable... A la grâce de Dieu, se dit-il.

Moi, cette histoire je me la sentais mal finir. J'avais bien envie de la terminer en vous disant :
-Ouf ! Ça y est. Le petit est arrivé.
Mais, le pouvais-je ? L'amour qui me porte vers vous, mon écriture en faisant foi m'oblige à la parole donnée. Je vous devais un conte de Noël ? Vous l'aurez, votre conte de Noël. En retard ? Et, qu'importe et, ne vaut-il pas mieux tard que jamais ? 

Mais, comment aider ce malheureux qui courait à sa perte malgré nos conseils ?
L'abbaye du Bonheur portait bien son nom, encore fallait-il y parvenir sain et sauf.  

mardi 27 décembre 2016

Il était une fois rien - 1



Il était une fois… C’est ainsi que commençait l’histoire de Noël que je prenais plaisir à vous confectionner en sorte de petit conte traditionnel. Bien calé par d'épais coussins dans mon lit, je m'attelais à une lourde tâche, croyez-le avec la hantise de la page blanche...
J’attendais d’avoir achevé mon œuvre pour en trouver le titre. De l'histoire qui vous émerveillerait je n'avais pas le moindre début de commencement, ni l'argument, ni la trame, ni les dialogues. Rien de rien. 

"Il était une fois... m'ayant toujours réussi, j'écrivis ces mots, les scruptais longuement puis me mis à rêvasser. L'histoire... oui, mon histoire je la placerais au XVIIème siècle lorsque les villages de nos Cévennes bruissaient de vie, d'amour et de ce doux contentement de soi d'avoir avancé, si ce n'est achevé son dur labeur après chaque journée. Je m'y voyais, transporté à l'époque et transfiguré et, pour une fois dans ma vie je pouvais contempler cet autre moi-même dans ses habits de pauvre paysan cévenol.

Et, voilà que dans le cantou, le soir à la veillée, je me mettais à redécouvrir ce passage merveilleux de Luc (Ch II, v. 1 à 7) sur la Nativité dans la grosse Ostervald signée par le Pasteur Jacques Blanc en 1681 et offerte au temple de Bréau à la communion de Carles Baptiste, l'aïeul qui eut soin d'y inscrire "Que celui qui trouvera cette Sainte Bible la ramène à Carles, Jean-Baptiste de Bréau ou à ses enfants", puis son ascendance suivait avec tous les Elie, Abraham, Gédéon ses pères et Françoise, Anne, Elisabeth ses mères disparus depuis des temps bibliques immémoriaux... 

Cette Bible enserrait, pour les conserver et toujours à rattacher à son passé de huguenot les noms avec les dates de naissance, de baptême, les mariages suivis toujours d'une croix et d'une autre date pour bien marquer la fin d'une vie terrestre et bien signifier qu'ils étaient en attente de la Vie Eternelle. Et que nous les y retrouverons un jour.
S'y trouvaient aussi les évènements importantes, les années de disette, le décès d'un ami cher, le passage d'un pasteur célèbre tel dimanche au temple de Bréau ou les inondations catastrophiques avec des annotations telles que "23 oct. 1779, le Pont de Bréau-Salagosse emporté. 4 poules noyées", le tout écrit sur la page de garde qui n'y suffisait plus par des mains malhabiles trop habituées aux durs travaux.

Puis, éclairés par la lampe à pétrole familiale et le feu dans la cheminée, des châtaignes grillant en éclatant, mon pantalon de travail pendu séchant à la douce chaleur, avec l'aïeule acagnardée se faisant oublier dans son coin et s'esquintant les yeux à repriser ma chemise, maman et nos chiards ensommeillés mais pas encore couchés et quelques voisins, ce bonheur tranquille nous suffisait. Ensuite ? Nous entonnions quelques beaux psaumes traditionnels, tiens, le XXIIIème de Marot si difficile à bien tenir parce que modal et que sa musique, par commodité scinde malheureusement en trois strophes ce psaume du bon Berger.

Du monde dans toutes les maisons, les traversiers cultivés, les sources et les béals bien entretenus, les vergers de châtaigniers jusqu'aux hauts des montagnettes, tous nettoyés et les pacages épierrés. Et des chèvres, et des ânes, et des mulets partout. Et des poules. Et des cochons. Et plein d'enfants. Tiens, j'espérais une bonne récolte d'olive, le raisin déjà pressé, les châtaignons remisés bien au sec et aérés. Avec le seigle et le blé, plus les fruits secs, le potager, on pouvait voir venir l'année, le tabac, c'était pour ceux de la ville.

Or donc, dans des veillées j'avais entendu raconter plein d'histoires terribles sur  l'abbaye du Bonheur, de perditions et je me faisais fort de mettre en perspective le récit qui commençait à prendre corps dans ces restes de forêts profondes, étouffantes un pays aux chemins peu fréquentés ni sûrs. Des brigands, on n'en avait moins en notre pays où on ne plaisantait pas avec la Loi donnée à Moïse, non. Mais, le danger est qu'ici, en Cévennes on tourne trop souvent en rond autour de la religion et on finit par s'égarer en perdant les autres avec soi dans des guerres heureusement terminée, que Dieu bénisse notre grand Roi Louis le XIV exultait toute la gent catholique cévenole.

Ah, oui je mettrais dans mon récit beaucoup de neige. Plus un jeune paysan. Mais il faudrait trembler pour lui. Et si on le faisait se perdre dans la neige, et parce que la neige c'est immaculé, et que cela marque mieux un récit de Noël ? Je veux surtout des loups, et affamés si possible. Mais la neige, c'est froid, j'y pense, mais qu'est-ce qui pouvait bien motiver cet écervelé à ainsi risquer de perdre sa vie vers l'abbaye du Bonheur, et en un hiver de chutes abondantes ? J'ai trouvé : c'était un novio qui, rejoignant sa promise se sera perdu. Bravo, Gilou. De l'amour, ça fleure toujours bon. Et d'où venait-il ? Et qu'allait-il y faire ?
On verra ça après.

Donc, la neige et le brouillard à 1100 mètres d'altitude. Les forêts profondes. L'autre abruti se sera bel et bien perdu dans le brouillard qui occultait le soleil. Ouuuu, le loup ! Oui, oui, des loups et une poursuite acharnée. Le rattraperont-ils, se battrait-il contre ?... Vous le découvrirez tout comme moi, patience.
Non, pas de combat féroce. Faudra bien qu'il atteigne in extremis l'abbaye. Mais la cloche qu'on tirait pendant toutes les nuits de danger, on ne l'entendait pas. Pourtant, on devrait car on n'en était pas si loin. Oui, mais le brouillard et la neige étouffaient les sons.
-Mon Dieu, je suis perdu. J'implore votre secours.
  
Catholique, il voussoyait Dieu. Normal, ceux de la montagne, voussoyeurs de Dieu sont souvent et plus polis et plus que serviables avec les humains que ceux des vallées, nos raïols tutoyeurs qui ne craignent que le courroux de Jéhovah.

A suivre...

samedi 24 décembre 2016

Un conte traditionnel de Noël.



Ma chère Ménie, Gilou le veut-il toujours son conte de Noël ? En voici un. Enfin, je pense que c'en est un. Voilà de quoi il s'agit. En 2006, le 9 juin on m'attendait en Pologne pour mixer les arrangements musicaux d’une chanteuse amie. Donc, avion  et arrivée à Fryderick Chopin, Frédéric, c'est comme on veut. Varsovie, embellie par ses filles, je connaissais déjà, seulement se retrouver le lendemain, jour du Seigneur pris au milieu d'une Gay Pride, la première autorisée en pays ultra-catholique, faut y avoir été pour apprécier pleinement, dans le pays de Jean-Paul II l'évolution des mentalités.

Tu te retrouves par hasard dans une rue à glander, seul et à un moment, au détour d'une rue te voilà happé par une foule bon enfant et ça va changer complètement ta vie.  Toute la ville ne parlait que de ça, je ne vous le cacherais pas et on entendais bien de plus en plus de musique et de joie en s'approchant, là-bas mais en Pologne ? Allons donc !

Incroyable, une « Parade pour l’égalité » placée sous haute protection, au pays des processions religieuses !

3.000 pédés comptés par la police, normal et le chiffre donné et cette façon de les appeler et, en y ajoutant les hétéros et autres homos timides qui n'osaient pas encore se vêtir couleur pavot polonais, te voilà au milieu de plus de 15.000 personnes à défiler ce dimanche ensoleillé. Le long cortège bon enfant défiait-il le jour du Seigneur, et en Pologne ? Pas du tout : les gens exprimaient leur joie d'être encore bien vivants dans un pays qui se libérait avec disco, danses, rondes enfantines, embrassades généreuses et appel aux spectateurs à venir nous rejoindre, le tout aux couleurs pastel du drapeau des Gay Pride.
Ici, quelques français, là beaucoup d’allemands, ou était-ce des flamands, des néerlandais ? Je n’arrivais pas à les distinguer à la langue. Les slogans lancés ? Ils disaient bien des choses mais moi, je m’en moquais : je savourais l’instant.

Attention, je suis un hétéro pur et dur se foutant bien de savoir si les nanas penchaient de se côté-ci, de celui-là et, beau gosse, catho modéré je tentais de brancher une jolie polonaise pour consommer en cas d'ouverture.
Ai-je goûté ? Si on vous le demande, ben faudra rester dubitatif, évoquer les Polonaises de Chopin et sa façon de les toucher si délicatement, ce serait mieux pour ma fierté.

Courageux ou pas, les flics de l’Est, on dit de s'en méfier comme de la peste. Pourtant, ils faisaient bien leur boulot, faut croire que les ordres visaient à faire plaisir à la Communauté Européenne alors que tous savaient que le gouvernement polonais freinait des quatre fers devant la Charte des Droits fondamentaux des femmes, des athées et des homosexuels, surtout. Aussi, quand on dit que l’Europe, pour ce que ça sert comme semble le penser René, alors, là, moi je dis : mon œil ! Ça sert à ne pas prendre sur la gueule quand tu défiles avec 3.000 mecs et nanas, ou plus dans les rues de Varsovie, la très catholique ! Tu vois, Ménie ? Dis-le à Gilou, aussi.

Et voilà que moi, à trente ans, vous pensez bien que pour m’éclater gratis, profiter en larron, pas besoin de me pousser. J’adore les doux-dingues déguisés couleurs bonbon. Alors je me suis laissé embarquer dans la folie ambiante, avec quand même quelques appréhensions. Heureusement qu'il y avait à boire d'importance dans la manif, et des polonais sobres, homos ou pas, filles ou garçons moi ça m'aurait étonné.

Le seul coup intéressant dans la foule, j'y suis tombé dessus... non, non, c'est elle qui m'a embrassé pour me saluer. Comme ça, le plus naturellement du monde. Eh, bien, dis donc, les polonaises, c'est quelque chose.

Ce qui vous intéresse, à savoir si je l'ai pécho ? Non. Je l'ai déjà dit : je suis reparti bredouille de Varsovie. Que j'explique : essayez de draguer sérieux, au milieu du mouvement d'une foule joyeuse, et vous comprendrez. L'approcher ? Facile. L'intéresser ? Impossible avec tous les beaux jeunes hommes qui cherchent un bon coup comme toi et avec l'ambiance qui te tourne la tête. Lui parler ? Faut crier à l'oreille, pas agréable si tu sues aigre à tant t'exciter et si tu as chargé ton haleine et, là Ménie, moi je prohibe l'alcool dans ces cas, un véritable tue l'amour... Et moi, je m'étais abstenu. 

Mon atout ? Mais, je suis français, cela se voit et se sent bien ! La classe toujours ! Lui ai-je avoué être catho comme tout polonais pour me rapprocher encore plus d'elle ? Non. Je ne pense pas qu'elle aurait apprécié de le savoir. Un sujet tabou, surtout dans une Gay Pride polonaise car il eut fallut y mettre des gants et quelques bémols, vous m'avez compris. Son prénom ? 

Margozata. Une parfaite inconnue, mais un beau brin de fille quand même. A mon avis, la plus belle. Ni une, ni deux : elle me vit et me baisa la joue d'un survol rapide, comme heureuse de retrouver un ami cher, me regarda mieux, me sourit et m'adopta comme un petit chat perdu et, aussi sec, commença mon maquillage, tout en sautillant, marchant souvent à reculons ou dansant autour de moi. Quand j'avançais, elle reculait puis, me saisissant par un bras me faisait pivoter d'un demi-tour pour me faire marcher à reculons tandis qu'elle avançait sur moi avec son matériel de peinture. Quand elle débordait, elle crachait sur ses doigts pour réduire un trait trop large sur mes sourcils et mes paupières ou étalait la poudre de riz sur mes joues de la paume de sa main. Moi, je fermais les yeux, tête haute en français qui sait prendre les choses à la légère. Et, que c'est bon !

Que je vous éclaire un peu sur ma belle rencontre déguisée en fée Clochette, quoique le terme ne s'appliquerait pas en ce cas d'espèce car, même rencontrée dans le tramway un jour de semaine ainsi vêtue et peinturlurée, cela ne m'aurait pas choqué, je vous le jure. Vous avez déjà vu la fée Clochette ? Pareil, aussi fine, aérienne. Même coiffe et corsage taillés dans des corolles de fleurs rouge-pavot et de feuilles vert-tendre, et même robe trop courte qui faisait ressortir ses longues et fines cuisses de mouche. Dommage, mais un sourire radieux et des étoiles plein les yeux qui compensait.
Je tiquais un peu sur les gambettes de la belle, puis me rappelant ma maman :

- Mon petit Philippe, ne fais pas le difficile. Accepte le peu que Dieu te donnera et tu seras heureux.

Merci, Maman !   

A un moment, ma "pas encore" Margozata m’arrêta, tendit ses lèvres tout en fermant les yeux, le buste penché en avant, les mains derrière le dos. Des gens joyeux nous dépassaient en s’écartant, souriants. Je pense qu’ils nous prenaient pour de jeunes amoureux. Et, pourquoi pas ?
Moi, ses lèvres tendues je croyais qu’elle voulait que je les lui baise. Je fis une tentative en chaton affectueux. Dès que je l'effleurais ses lèvres, elle ouvrit ses beaux yeux, trop tôt, malheureusement pour barrer prestement nos bouches de ses doigts joints, comme pour me bénir ou que je les baise, fronça les sourcils, menton bas, fit la moue et "non" de la tête, referma les yeux et recommença son manège pensant que j'avais compris. Vous, peut-être, mais pas moi qui restait immobile, tout abêti.
- Elle veut que tu fermes les yeux. Tends ta bouche !  

Un français traduisait ce mime. Voyez que j'étais particulièrement abruti. Je me sentais ailleurs. Disons que c'était le premier signe que je tombais éperdument amoureux de cette fée.

Moi, je trouvais la demande raisonnablement très risquée mais bien faite, comme elle. Bon, jouons mais faudrait pas qu’elle veuille te déguiser en gonzesse ou en travelo, je me disais. Tant pis, aussi j’obtempérais et, avec le même stick qu’elle avait tenu caché derrière son dos, elle me redessina les lèvres puis, pour mieux mouiller la couleur et la rendre plus glossy, plus satinée, si vous préférez, elle m’embrassa à bouche que veux-tu en faisant rouler sa langue sur mes lèvres, en débordant sur les commissures, le menton et même jusque sur le bout de nez. Puis, tenant toujours ma tête entre ses deux mains, me la fit baisser et claqua sur mon front un baiser sonore dont, toute la journée après m'être débarbouillé je ne voulus effacer la marque, ensuite...

Ensuite, elle recula, rejeta la tête en arrière tout en écartant les bras et déclara à la cantonade qu'elle avait enfin trouvé son prince charmant, ce qu'elle me traduira bien plus tard. Applaudissements du voisinage !
Une goulue et une découverte, pour moi. Une nouvelle Pologne. Alléluia ! A mon âge, trente ans, pensez-donc. J’avais hâte d’en apprendre encore plus sur ce pays et cette chose-là si délectable pleine de salive.

Dieu, quelle embrassait bien. Oui, mais qui ? Moi le garçon que je me pensais être depuis toujours ou moi la fille qu’elle faisait de moi, pour son bon plaisir ? Je me dis : qu'importe et on s’en fout pourvu qu’on soit bien bécoté, caressé et aimé tendrement, tripoté,
embrassé ardemment, et longuement savouré en sucre d'orge... Et que dire de plus ?
Elle rectifia du doigt mes sourcils, se recula à nouveau pour juger de l’effet obtenu. Parfait, parfait devait-elle se dire, ce qui la fit rigoler et la rendait encore plus désirable. Je l’attirais et lui rendit son baiser qu’elle apprécia. Un véritable french kiss de derrière les fagots, puis, lui prenant la tête tendrement, je baisais et marquais son front de mes lèvres, et c'est à cet instant qu'elle me découvrit réellement, ce qu'elle m'avouera plus tard.

Moi ? Dans le temps que je me savais beau dans ses yeux, je ne pouvait que constater, sur son front que le rouge dont elle m’avait gratifié s’avérait n’être qu’un noir-goudron qui devait me confectionner une tête de vampire même quand je rigolais, la farine de mes joues renforçant le trait. J’ai vérifié dans une vitrine. Je vous jure : Clochette au bras de Nosferatu, une horreur qui la mettait en joie.
Ensuite ? Nous avons repris notre procession bras dessus, bras dessous, avec plein de rires et de petits bisous de chatons.

Les spectateurs, tout autour du parcours nous encourageaient, sauf quelques crânes rasés de milices d’extrême droite qui nous lançaient des œufs et des pierres et criaient, heureusement dispersés par la police. On m’a traduit sommairement leurs slogans :
- Interdit aux pédales... ou interdit de pédaler ? Les deux, sans doute mais peu importe. Sans la police, et surtout la population de Varsovie, nous aurions eu des ennuis avec ces gens-là.
- C’est qui, ces cons ?
- Des « Casseurs de pédés » qui font leur ordinaire des homos, des émigrés et des noirs et s’en régalent à ce qu'ils disent.
Tiens curieux, ce terme de pédale pour désigner les homosexuels* en Pologne comme en France. Faudra que je me renseigne, que je me disais.
*Donc, pédale : confusion volontairement entretenue entre homosexualité et pédérastie et qui, par apocope donne pédé. Mais, passer à pédale, là, je ne vois pas le développement. Que l’on veuille bien éclairer ma lanterne.

Déguisé, valait mieux rester dans la bande joyeuse car des curés sportifs en soutanes et rangers portant de grandes et lourdes croix traînaient près des églises pour s’en servir comme épées du Jugement dernier. Une rumeur ? Peut-être pas.
Par contre, je pu constater que des murs entiers avaient été placardés de petit autocollants, et même des tables de bistrots toutes ornées. Tu ne pouvais pas les rater et ça en devenait si gênant que, comme me le faisait remarquer un ami polonais francophile (par amour des françaises, surtout), ça allait à l’encontre du but recherché et le trop en devenait même dégoûtant, plus qu'obscène

J’oubliais de vous dire que ces petits « post-it », aussi grands que les indications traditionnelles sur les portes de WC présentaient, dans un cercle rouge, genre « sens-interdit » deux silhouettes en noir, debout et en pleine action, l’un devant le derrière de l’autre.
Gilou dirait : encore, bravo l’artiste pour ses modèles bien choisis, certainement un bedeau avec un sacristain de même eau en train de se finir en beauté. Par contre, l’image était explicite : il s’agissait bien de deux homosexuels adultes dans leurs œuvres d’amour mais pas d’un curé polonais pédéraste et de son enfant de chœur. Sûr et certain. 

Imaginez que six mois plus tard, j'allais rechercher Margozata pour la ramener à Paris. Et nous sommes toujours aussi amoureux plus de dix ans après. Etonnant, n'est-ce pas ?  
Voilà toute notre histoire, un beau conte de Noël.
Dommage que notre premier enfant ne soit pas née un 25 décembre mais le 23 décembre 2007 et que Margozata ne s'appelle pas Marie. 
Et, notre petit cadeau de Noël qui a fêté ses 9 printemps hier ? Une petite craquante à souhaits.

Signé : Philippe dit Jojo par les amis.

Le petit mot de Ménie : Moi, vous savez, dès que j'entends une histoire d'amour je m'attendris toujours. Dommage que Jojo ne donne pas le prénom de sa fille. Ça manque à son histoire. 
Mes amitiés vont aussi à Margozata et un bisou à votre petit cadeau de Noël.
Si ce n'était Gilou, votre texte je l'aurais intitulé : "La Gay Pride ? A vos amours."
Et qu'ils durent toujours. Et Joyeux Noël à tous.