dimanche 24 septembre 2017

Les Psaumes de la Renaissance. -4

Le 16ème siècle, par la Réforme en France amènera un changement fondamental dans les âmes en reposant la question du salut par la foi ou les œuvres et celle de l'incertitude de la résurrection et de la vie éternelle.
Jusqu’alors, le catholicisme se comportait comme le judaïsme et l’Islam qui affirmaient que Dieu existait physiquement. Aussi, tous ceux qui mettaient en doute cette certitude blasphémaient en insultant à la réalité de l’existence de Dieu et méritaient la mort, d’où la violence des guerres de religion.

Le doute incroyable qu’amena la réforme en posant ce préalable que seule la foi fondait l’église du Christ en primant les œuvres deviendra un véritable scandale pour les autres religions, catholicisme compris qui y voyaient poindre le danger de l’athéisme.
De même, elles estimaient que l’égalité entre hommes et femmes devant Dieu, défaisant le pouvoir de tous « pasteurs », pape compris, ainsi que l’inutilité des lévites faisait fi des prescriptions des Livres.

Cette foi nécessaire, ce doute incroyable, fondement du christianisme qu’apportait le protestantisme gênera le catholicisme du 16 au 18ème siècle. La foi et le salut ne dépendaient plus de l’église et du prêtre et ne sauraient qu’être une grâce divine avec pour conséquence que le vocable « église », n’étant plus lié à une organisation humaine rigide, structurée redeviendrait celle du Christ et ne se composerait plus que de membres à égalité devant Dieu qui se choisiraient librement un pasteur pour les aider.

Dans la liturgie catholique, les psaumes de David tiennent une place prépondérante parce qu’ils portent cette notion d’un Dieu physiquement présent et agissant sur nos vies. David n’a aucun des doutes du protestant. Il n’est qu’à se pencher dans les livres de Samuel : Dieu est vivant puisqu’il lui parle.
-Aurais-je la victoire demain ?
-Ton ennemi est dans ta main.
Dans l’esprit de Calvin, le psaume importait surtout dans la mesure où le croyant pouvait s’identifier à David qui propose de tenir, comme d’un modèle de louange des dialogues contractuels vivants avec Dieu. De plus, cela permettait d’affirmer à tous que le "religion" réformée fut la digne continuatrice de l’église chrétienne primitive rénovée. 

La Réforme française, fille de l’imprimerie semble, au départ s’inscrire dans un mouvement de recul de la pensée car elle affirme la primauté de l’écriture, le protestant s’obligeant à ne rien rajouter ni enlever à la bible or, ne serait-ce que le récit de la Genèse de la création de l’Univers, le protestantisme interdirait le doute scientifique.

Toutefois, hormis cet aspect de « ni ajouter ni retrancher à la parole de Dieu », les temples protestants français, dirigés par les anciens cooptés ou des élus créent des petites républiques qui « gangrènent » le royaume de France. Inacceptable pour le roi et la religion d’état.

La diffusion et la vulgarisation de la bible françoise d’Olivétan (Neuchatel, 1535) réalisée à partir des textes en hébreu et en grec, tout en corrigeant la Vulgate ainsi que le psautier permettront de sortir la religion du carcan de la langue de l’Empire romain, le latin, la langue du pouvoir pour la resituer dans celle du royaume de France.

Dès 1562, la sortie de plus de 50.000 exemplaires du psautier de Marot et de Bèze en français fut un succès « mondial » tel que tous, jusqu’à la cour de France chantaient les psaumes. Il se dit même qu’on les dansait au Pré au Clercs à Paris.

Dans les campagnes, et jusqu’à l’instauration de l’école obligatoire, toute la France parlait patois, chaque région possédant son « idiome». En 1702 et la guerre dite des Camisards, les seuls à manier parfaitement le françois furent ces protestants révoltés et il n’est qu’à consulter les archives et noter l’indigence des écrits des gradés militaires, des curés et des responsables de l’Etat pour se rendre compte que la langue françoise peinait à supplanter tous les parlers locaux.

C’est pourquoi, il est indéniable d’affirmer que le recueil de poèmes de Marot et de Bèze, le seul que possédaient les Réformés de France et de nombreuses familles catholiques, ainsi que la bible, cachés pendant plus d’un siècle stabilisèrent l’écriture et le parler françois dans toutes les couches dirigeantes et populaires du royaume.  Ils firent aussi souffler un véritable vent d’espoir pour la liberté de conscience et furent d’excellents « maître » d’école et une encyclopédie qui traitait de religion, de poésie, de musique, d’amour, de haine, d’amitié, de paix, de guerre, de gestion de l’Etat, des droits et devoirs des juges, des princes et du roi, de la primauté, non de l’Eglise mais de Dieu sur les hommes. Avec l’égalité et la justice sociale, les psaumes de la réforme, à la suite de l’évangile, appuyèrent fortement sur la séparation du temporel et du spirituel : maintenant, l’obéissance du croyant à Dieu différait de celle que le sujet devait à son roi et à l’église officielle.

Ici, je rappelle que, dès 1562, les petits pâtres du Languedoc, du Poitou, de Normandie ou d’Auvergne qui n’avaient jamais fréquenté l’école, s’ils parlaient journellement leur patois maternel lisaient la bible, écoutaient les sermons et chantaient les psaumes en françois qu’ils avaient appris dans la bible et les psaumes de Marot.

Or, dès l’interdiction du culte réformé par la révocation de l’Edit de Nantes, « l’église sous la croix » se structurait. Sans pasteurs pour la conduire, elle se réfugia dans l’ancien Testament et le chant des 150 psaumes de Marot (leur correction par Conrart terminée en 1683 n’aura pas eu le temps de parvenir dans les campagnes).
Très rapidement des hommes et des femmes entrèrent en transe, comme David ou Samuel et se mirent à prophétiser. Problème il y avait pour le royaume de France car le Dieu de l’ancien testament est Roi des armées, un dieu jaloux et vengeur qui justifiera la guerre des camisards.
On était bien loin du Dieu d’amour de l’Evangile.

Accélérateurs de l’adoption, par tous de la langue françoise, immenses leviers pour la liberté de culte, œuvre poétique et musicale, les psaumes de la Réforme se doivent d’être préservé et redécouverts.

samedi 23 septembre 2017

La langue de Marot. -3

Tout d’abord, je tiens à remercier le Pasteur de la chapelle évangélique du Vigan qui, le premier me propose pour ce vendredi 29 septembre une entrevue. Il décidera ensuite de la suite à donner.

Ensuite, reconnaissons à Calvin, qui a commis les aulcuns psaumes le mérite d’estimer qu’on pouvait faire mieux que lui en embauchant Marot pour que les psaumes en latin de l’église catholique le soient en françois qui devenait ainsi la langue « sacrée » pour être chantés aussi par les femmes qui en étaient interdites, compris de tous et, ce faisant remettre hommes et femmes dans un rapport direct avec leur Dieu, sans aucun intermédiaire, à la façon de David, Moïse, Salomon et autres lévites, le laïc devenant clerc.

Dans notre recueil de Psaumes de 1562 se trouvait toujours, en exergue un argument tiré par les cheveux qui resituait Jésus Christ, seul fondement de notre foi pour que nos réformés ne puissent pas penser que nous étions comme le roi David absolument certains que Dieu existât. En effet, seule la foi importait. Du peuple élu, soit mais notre rapport à Dieu nécessitait l’intercession du Christ.
Exemple d’argument en préambule, celui du Pseaume 96 de Théodore de Bèze, (Entre parenthèses la version moderne du poète Roger Chapal de 1970. A savourer.) :
Argument : C’est une description de la haute majesté de Dieu & de sa justice, afin que tout le monde s’humilie sous luy, & que toutes idolatries soient abatues. En la fin tous ceux qui le craignent sont exhortez à se fier & resjouir en luy.

Chantez à Dieu chanson nouvelle,   (Peuples, chantez partout sur terre)
Chantez ô terre universelle,                Le renouveau que tous espèrent !
Chantez et son nom bénissez,             Louez le nom du Dieu sauveur,
Et de jour en jour annoncez                Du merveilleux libérateur :
Sa délivrance solennelle.                     Sur notre nuit vient sa lumière).


Ceci dit, abordons la langue de Marot toujours belle dans ses paraphrases des psaumes de David, quand bien même on pourrait penser que le quidam se moquait parfois de Calvin et même lorsque Théodore de Bèze l’imitait en utilisant, comme lui des vocables passés de mode à l’époque.
Les psaumes de Marot. Tous ? Pas tout à fait mais soyons aussi généreux avec Marot, qui n’en aura paraphrasé que 49 qu'avec le roi-prophète David qui ne totaliserait qu’une petite moitié des 150.

Souvent, je taquine nos pasteurs et nos protestants :
-Préférez-vous les psaumes de Marot ou de Théodore de Bèze ?
-Ceux de Marot sont beaucoup plus beaux. Sans nul doute !
On peut être instruit dans les choses de Dieu et sortir une belle ânerie :
-Vous connaissez donc les vers de Marot ? Le vieux françois ?
-Heu, ben…
Moi-même, je ne m’arrête plus à vouloir distinguer Marot de Bèze tant ils sont liés et tant leurs paraphrases sont parfois identiques, se distinguant par leurs mêmes qualités et défauts, surtout quand Bèze tente d’imiter les archaïsmes de langue de Marot.

Lorsque l’on chante les psaumes de 1539 à 1562, je suis surpris par la modernité de la langue de l’époque. Tous les mots, presque toutes les expressions idiomatiques, tous les temps, toutes les conjugaisons, tous les accords de participe passé avec le verbe avoir, les M devant un P et un B, tout y est. Rien n’a changé sauf que l’accent circonflexe remplacera les S inutiles comme dans forest qui devient forêt et les imparfaits, les ois se feront ais, tandis que le j, le i et le y reprendront une place plus moderne ainsi que le z qui ne remplacera plus le s des noms communs.
                                        ______________

Considérant tout cela, je n’arrive pas encore à comprendre qu’avec tous les outils à leur disposition Marot et Théodore de Bèze ne nous aient pas proposé des psaumes plus « modernes » dans leur écriture. Et, pourtant, admirez nos poètes de la Réforme.
Exemple de l’écriture de Marot au Psaume 10ème  (écrit avant 1543) :

D’où vient cela, Seigneur ie te suppli’,
Que loin de nous te tiens les yeux couvers ?
Te caches-tu pour nous mettre en oubly,
Mesmes au temps qui est dur et divers ?
Par leur orgueil sont ardens les pervers,
A tourmenter l’humble qui peu se prise.
Fay que sur eux tombe leur entreprise.
 
Ci-git la modernisation de ce Psaume 10 de Théodore de Bèze par le même Roger Chapal en 1973. Tout un poème. Déplorable ! Comparez avec l’original ci dessus :
Pourquoi, Seigneur, te cacher loin de nous ?
Le pauvre souffre en ces jours de terreur,
L’impie s’acharne à le rouer de coups
Mais il se prend aux pièges de son cœur.
L’homme orgueilleux méprise le Seigneur :
« Si Dieu n’est rien, je ne suis pas coupable »,
Vont répétant tous ces insatiables.
                                _____________

Ecriture de Théodore de Bèze au Psaume 92 (1551 ?) en italique et de Roger Chapal en 1970 entre parenthèses. Pour le fun :

Ô que c’est chose belle             (Oh ! que c’est chose belle                       
De te louer, Seigneur,                 De te louer, Seigneur
Et du Trèshaut l’honneur           De chanter ta splendeur
Chanter d’un cœur fidèle !         Au milieu des fidèles ;
Preschant à la venue                   Quand le jour vient de naître,
Du matin ta bonté,                      D’annoncer ta bonté,
Et ta fidélité                                  Et ta fidélité
Quand la nuict est venue.          Quand la nuit va paraître).
                                ______________

Un siècle après la parution du Psautier de la Réforme, au dernier synode de l’Eglise protestante de Loudun en 1659 le dernier avant la révocation de l’Edit de Nantes, on demanda à Conrart (premier secrétaire de l’Académie française) de réécrire les psaumes de 1562 en françois plus moderne. Si on veut !
Ayant entre les mains un des derniers psautiers édités en 1919, je me mis à travailler les psaumes en pensant qu’ils étaient originaux.
Malheureusement, la versification de Conrart et les mélodies (revue pas Claude Goudimel) étaient altérées. Quand on pense qu’en 1551 la ville de Genève mit en taule pendant une journée Loys Bourgeois qui avait tenté de moderniser les premières mélodies.

Pour les musiques originales, je me suis procuré le psautier français (éd. Réveil publications. 1995), recueil intéressant qui ménage la chèvre et le chou en proposant, surmonté d’un astérisque des altérations musicales avec, parfois des mélodies légèrement altérées (normal pour les harmonisations d’après Goudimel, Jacques Feuillie, Alain Mabit, Claude Lejeune qui supportent mal le modal musical).

J’ai fini par acquérir LES PSAUMES en vers français avec leurs mélodies, fac-similé de l’édition genevoise de Micher Blanchier, 1562 (DROZ 1986).
Dommage que le titre du livre ne signale pas « en vers françois ».
A partir de cet ouvrage j’ai travaillé nos chants en transposant le musique de clé d’ut en clé de sol et en y ajoutant les barres de mesure absentes sur la musique originale (ce qui ne signifie pas qu’elle n’était pas mesurée comme de nos jours).

Le premier grief que l’on pourrait  faire aux concepteurs des psaumes originaux est de n’avoir sans nul doute pas créé un cahier de charges clair qui aurait lié les paroles à la musique ce qui fait que les versets de beaucoup de psaumes finissent avec un temps manquant ce qui gène la reprise du verset suivant. De même, il semblerait que les écrits de Marot et de Bèze ne semblent pas avoir passé par un crible de "censure" : trop souvent des longueurs pesantes, des redondances, des vers légers, une poésie parfois lourde et indigne d’un poète, aussi bien chez l’un que chez l’autre.
De 1526 (certainement le premier psaume de Marot, le sixième pour attendrir François 1er) à 1562, le français a évolué dans l’écriture des mots pour se stabiliser.

Conclusion de ce qui précède ? La langue de Marot et de Bèze me plaît énormément. Celle de Roger Chapal ? Bof !

Dieu pardonne tout, même à nos protestants d’aujourd’hui qui estiment que ce galimatias de Chapal serait poétique. Quand je pense que certains, dans notre bonne ville du Vigan me traitent de poète-poète… M’est avis que le barbu doit tirer une de ces gueules aux cieux. Quant à moi ?
Ben, moi ? Mais, je préfère encore mieux chanter la louange à Dieu en bons vers françois, et foin de cette bouillie moderne à la mode de Roger Chapal.
Sans rancune, man !


vendredi 22 septembre 2017

D’une acculturation au Psautier. -2

Pourquoi cet intérêt pour les psaumes originaux de la réforme ? Pour faire simple, je dirai qu’il est la résultante d’une acculturation non désirée, de ma profonde adhésion au protestantisme, de cet amour immodéré pour la musique « occidentale » et de cette passion pour la France et sa langue, la plus belle au monde que mon premier instituteur, Monsieur Batista m’avait transmise. Ce corse et sa femme se seront démenés comme des diables pour que tous les petits berbères, garçons et filles kabyles issus de notre Algérie clochardisée par la France (dixit Charles de Gaulle en 1943) puissent bénéficier de la République laïque.
Pourquoi ? Par esprit de liberté, d’égalité, de fraternité et surtout d’humanité. Devenir français, soit mais tout en permettant que le peuple algérien puissent vivre dignement en étant respecté de tous, pieds-noirs surtout. Appelons cela les bienfaits de la colonisation. Certainement les seuls. Et barka !

J’ai été élevé à Yakouren (Haute-Kabylie) par Fatima, ma mère qui fut proprement dépouillée par sa famille et jetée à la rue et qui, recueillie par la Mission Rolland s'usa comme femme à tout faire pour pouvoir élever ses trois orphelins.  
Cette mission était issue de la North American Mission qui se francisa lorsque le gouvernement français, dès la fin du 19ème siècle obligea tous les organismes religieux étrangers à passer la main à des pasteurs ou des prêtres français.

Le statut de l’Algérie française fut toujours ambigu, tout d’abord à cause de l’Islam que l’on considérait incompatible avec l’intégration française, tous les pasteurs en étant convaincus. Son territoire, déclaré partie intégrante de la France avait un statut d’indigénat et, dans notre république pas si laïque que cela, pour devenir français à part entière il convenait de se convertir au christianisme, prendre un prénom français et, ainsi renoncer à recourir au droit de l’indigénat.

Administrativement, la province d’Algérie fut composé de communes de plein exercice (les villes et gros bourgs) perdues au milieu de zones de droit approximatif composées d’immenses communes mixes gérées à la façon romaine par des agents de l’Etat où, dans les douars reculés de montagne les indigènes rechignaient à déclarer les garçons à "l’état civil". Dès 1943 et le débarquement américain en Afrique du nord, ce phénomène de résistance "civique" s’accentua car le petit peuple délaissé ne voulait pas que ses nouveau-nés puissent "bénéficier" de la conscription pour servir de chair à canon à la France.
Mais de ça, je vous en avais déjà causé.

Tout naturellement, en 1945, ma mère n’avait encore jamais connu de français ni d’administrateur dans son douar, si ce n’étaient les gendarmes qui terrorisaient les indigènes par une brutalité d’un autre temps.

Une autre méthode consistait à déclarer des enfants nés de parents inconnus sur le territoire français, l'Algérie en faisant partie intégrante pour les faire enter de facto dans le cadre de la nationalité, d’où toutes les dérives et les drames familiaux. Dans la foulée, on les affublait de deux prénoms français, l’un faisant office de nom patronymique, ce qui accélérait l'acculturation.

C’est ainsi, qu’avec ma mère je découvrirais à onze ans sur ma carte d’identité nécessaire pour émigrer en France que je m’appelais Patrice, "né de père et mère inconnus". Tel quel.
Ma mère alla chercher sa petite hachette soigneusement aiguisée réservée au cou des poules et à son petit bois pour s’en aller tuer les deux missionnaires qui n’y étaient pour rien. Une folle hystérique.
La peur de ma vie.
-Allez, mon fils, on s’en va.
-Non, maman. Je veux aller en France.
Faut croire qu’elle aimait particulièrement son "amazouz" car elle se résigna à m’accompagner.

Le petit berbère que j’étais, tiré charitablement du statut de l’indigénat fut élevé en bon français protestant d’obédience baptiste qui se mit à aimer chanter en voix nos cantiques que je découvrais avec les deux sœurs missionnaires suisses allemandes qui les apprenaient, ainsi que la langue française, en même temps que moi.

Toutefois, si j’aimais les mélodies de Cruger, Bach, Haendel, Beethoven, Bishop, Bortniansky, Brahms, Croft, Doane, Excell, Grabrieli, Gastorius, Hammerschmidt, Hassler, Haydn, Malan, Lutteroth, Malan, Mozart, Naegeli, Monod, Nicholaï, Neumark, O’Kane, Palestrina, Purday, Richter, Sankey, Schubert, Smart, Stanley, Isaak, Teschner, Urlhan, Wesley et autres compositeurs de nos beaux chants, les psaumes français me posaient question dans les altérations de leurs mélodies et de leurs rythmes (souvent archaïques) et dans les changements continuels de paroles que je trouvais dans nos différents recueils de louange.

Quant à l’harmonisation de nos vieux psaumes, tout un poème. Y était spécifié : d’après Goudimel qui, j’en suis sûr se retourne dans sa tombe. Comme si on pouvait faire mieux que ce maître.
Concernant les nouvelles paroles de Roger Chapal (1970), je dirais : consternantes. Aux dernières nouvelles, Marot et Théodore de Bèze se tapent sur les cuisses au paradis. Enfin, en ce qui concerne Marot, grand pécheur devant l’Eternel, je ne suis pas certain qu’il ne se sentirait pas mieux aux enfers à jurer, à se pochetronner, à courir la gueuse et à jouer aux dés.
Et à blasphémer tout en chantonnant son 1er pseaume, le 6ème :

Ne vueille pas, ô Sire, 
Me reprendre en ton ire,
Moi qui t'ay irrité,
N'en ta fureur terrible,
Me punir de l'horrible
Tourment qu'ay mérité.

Quand on le compare avec la nouvelle mouture de Roger Chapal (1970) je vous laisse apprécier. Et seuls juges : 

Seigneur qui voit la peine
Où le péché me mène,
Cesse d'être irrité !
Dans ta juste colère 
Ne sois pas si sévère
Que je l'ai mérité.

Entre nous, seul le point d'exclamation de Chapal modernise le texte de Marot. Le reste n'en est que très mauvais. Que de progrès dans la langue et la poésie faits depuis 1539 en 478 années. On en tombe sur le cul.

A suivre : la langue de Marot.

jeudi 21 septembre 2017

Le psautier de la Réforme. 1562. -1

De gentils lecteurs s’inquiètent : 
 
- Tu n’écris plus dans ton blog. En panne comme ta Panda ?
Parlons-en de ma petite voiture qui vit ses derniers jours, mon garagiste chéri chez qui je l’avais amenée s’étant décidé à ne pas la réparer. S'il s'agissait de son véhicule personnel, on pourrait admettre. Par ailleurs, il entrevoit de me céder un véhicule d’occasion pour 1200 euro. C’est pas cher, et même cadeau pour toi. Oui, parce que c'est toi. Merci bien, mais je suis un pauvre.
- Mon ami. Pas le temps de m’en occuper. Trouve-toi quelqu’un d’autre.

Je veux bien, moi de ce « mon ami » qui voudrait que je lui achète, ou que je le désencombre (je ne saurais dire) de cette occasion qu’il me propose si gentiment... généreusement ? (j’achoppe douloureusement sur le mot pour décrire mon désarroi, cela se conçoit aisément) tout en me disant que si ce nouveau véhicule venait à tomber en panne comme ma petite Panda, mon animal de garagiste me ferait-il la grâce ou l’amabilité (on voudra bien choisir ou se trouver un terme plus approprié et j’autorise même la réécriture de toute la phrase) de le réparer, nonobstant qu’il avait chaussé ma veille voiture de deux pneus neufs il y a un mois puis effectué une réparation qui n’aura tenu qu’une petite heure avec retour à la case garage (respectivement 140 euro et 107 euro) ? Choquante, toute cette affaire. Faut croire que je suis du peuple élu.
Comme on disait dans l'armée française "Les baisés, comptez-vous".

Avec toute cette inquiétude pour ma fidèle Panda, j’oubliais René :
- Le blog ? Non, non l’ami, je ne suis pas en panne sèche mais je revisite les psaumes de la Réforme. Une mine d’or. Dès 2002, j’avais proposé une information au Bourilhou. Réponse ? Que nenni ! Trop religieux, ce qui n’empêchait pas l’organisation d’une conférence sur Esther et la fête juive des cabanes donnée par une jolie intervenante qui avait oublié de signaler que le véritable héros du Livre d’Esther était Mardochée, l’oncle de la petite. Gilou rectifia à l’occasion en amenant sa science sur la captivité du peuple hébreu.
(Tiens, voila mon petit Clément Marot et le psaume 137 : "Estans assis aux rives aquatiques de Babylon, plorions mélancoliques, nous souvenant du pays de Sion : et au milieu de l’habitation, où de regrets tant de pleurs espandismes, aux saules verds nos harpes nous pendisme.").

- Comprends pas ! Pourtant tu intervenais à titre bénévole au Club photo au Centre Culturel et faisais la fermeture tous les lundi soir, et que même quand l’alarme sonnait… Curieux. On aurait pu faire un effort, discuter. Je ne sais pas, moi. Non ?
- Peut-être mais on m’a orienté vers les protestants que l’affaire devrait intéresser. Tu parles !

 - Avant, je m’étais rapproché des temples de la région. Aucune réponse si ce n’est celle d’un pasteur, une femme du bas Languedoc qui m'écrivait que son conseil presbytéral ne voulait pas donner suite.
J’ai fait réponse à cette brave dame en lui disant que si elle comptait que Garou ou Pavarotti viennent chanter les psaumes en françois, elle attendrait longtemps pour leur dérouler le tapis rouge. Concernant Pavarotti, peuchère... Aujourd’hui, je m’en veux de cette réponse.

J’avais sollicité le pasteur d’Anduze (j’étais un des fidèles de son temple, à l’époque). Pas de réponse. Un samedi que j’allais chanter en françois avec les Réformés hollandais (fin juillet, début août), ce monsieur me demanda si c'était un psaume. Faut bien dire que, si on reconnait un hymne religieux à sa musique encore faut-il la connaître et, sur les 150 psaumes plus de la moitié est aujourd’hui inconnue des protestants français.

- Pas fini. Attends ! J’avais même fait une information lors d’un culte au Vigan. Rien, si ce n’est Guépard qui, à chaque fois qu’il me rencontrait le dimanche après l’office :
- Et ces psaumes, Gilles !
- Il est vrai que si tu étais un notable du Vigan, quand bien même musulman tu aurais pu organiser une conférence à la Gerbe. Sur le soufisme ? Possible, mais les Psaumes de Marot et de Théodore de Bèze, allons donc. Inintéressants.

- Attends, ce n’est pas fini. A force d’être gonflé, j’ai pris ma guitare et suis allé dans des temples ouverts en été. On m’a une fois demandé si j’avais l’autorisation de chanter en ces lieux vides avec parfois des touristes qui les visitaient. Ils semblaient intéressés mais ils n’étaient pas de la région. Pour l’autorisation, je répondais toujours que j’avais celle de notre Père qui est aux cieux, que son nom soit sanctifié et, considérant que "Tout protestant fut pape, une bible à la main" d’après Boileau (pour lui, la révocation de l’Edit de Nantes les avait tous éradiqués), je me savais dans mon droit dans ces temples. 
Pas de bol, mon petit Boileau car, avec l'aide seule du psautier et de la bible, sans aucun pasteur dès 1685, le "petit troupeau" de Richelieu se maintint jusqu'à nos jour.

- C’est bien gentil, tout ça, mais tu fais quoi maintenant ?
- T'as raison, René, faut agir. Qu'on me pardonne mes offenses mais on ne va pas se laisser emmerder. Je commence par contacter des responsables protestants du Vigan et j’attends leur réponse. Si ça ne bouge pas, j’arriverais bien à leur louer un de leurs temples malheureusement trop souvent fermés pour organiser une conférence avec chant des "Pseaumes".
- Je te concocte une affiche. Tu m’en diras des nouvelles.

Merci, mon bon René. 
- Ah ! René, sur l'affiche tu noteras bien : "Présentation des Psaumes", tu sais, comme lorsque l'on présente son nouveau-né au temple. 
Bon. Voila qui est dit. Attendons.