jeudi 11 janvier 2018

Le psaume, lettre d’amour. -6

Depuis ma plus tendre enfance, j’avançais en âge accompagné du « Petit Larousse  illustré », du recueil de chant « Les ailes de la foi » et de la bible de Louis Segond. Toujours à portée de main.
Qui oserait me demander pourquoi je m’intéresse tant aux psaumes en françois de la Réforme de 1562 ? Sans doute parce qu’ils sont un des fondements de notre langue française qui a si peu varié dans le temps. Quand je réalise que certains voudraient que la langue française « modernise » une écriture considérée comme trop compliquée, je me dis que notre système scolaire est en faille.
Nos enseignants m’en voudront de tirer sur l’ambulance, il va de soit !

Au cours des âges, avec des transformations infimes suite à l’évolution du phrasé, notre écriture évolua par touches successives d’améliorations logiques, lente, cette douce transformation permet encore, à ce jour, de pouvoir lire dans le texte tous nos auteurs depuis 1500.
Que nos enseignants se penchent sur les textes anglais et italien, l’allemand mis à part, de la même période.

A part le psaume 23 de « bon berger », j’ai toujours évité les psaumes qui ne m’apparaissaient que comme de jérémiades. A ce jour, Marot et Bèze m’ont fait aimer les psaumes…

- C’est ce que tu dis, p’tit père ! Si c’était vrai, tu serais cul-cousu. Pas vrai ? La gourmandise dans de la vie avec l’amour, les femmes, le sexe, je ne t’ai jamais vu cracher dessus. Aussi, tu voudras bien m’expliquer cette connerie des psaumes. Pardon, mais on n’y parle que de péché, qu’il faut vivre dans la Loi de Dieu, qu’il ne faut pas convoiter la femme de son prochain, comme si elle n’avait pas son mot à dire dans l’affaire. C’est pas sexiste, tout ça ? Et contre productif !
Tout le monde aura reconnu René BOUSCHET ; Quant à Américo et Rolando, je ne voudrais pas écorner vos oreilles.

- Ben, parce que, tu vois… C’est beau et poignant comme des lettres d’amour…

- Non. Pas d’accord, mais tu causes bien ! Pourquoi ? Mais des lettres d’amour à Dieu, comme si ça se pouvait ! On n’y parce que de haine du genre humain, d’ennemis, de châtiment, de Lois… tiens, le psaume 137, le dernier verset que tu m’as chanté ? Convenant que c’est dansant. Tu me diras que pour parler de la captivité des juifs à Babylone, ce rythme est … pour le moins cocasse. Si, si. Tiens, rechante-moi le dernier verset, ça m’intéresse.

- Chanter ? Non. Je préfère te le psalmodier.
- Ah, la langue française ! Amusant, mais je t’écoute.

Aussi seras, Babylon, mise en cendre :
Et tres-heureux qui te saura bien rendre
Le mal dont trop de pres nous viens toucher :
Heureux celuy qui viendra arracher
Les tiens enfans de ta mamelle impure,
Pour les froisser contre la pierre dure.
(Clément Marot).

Grand moment de silence. Puis…
- Te rends-tu compte de ce que tu chantes ?
- Eh, alors ? Accordons-nous sur jérémiade et compagnie. De la poésie pure ! Et pleurnichard ? Pas d’accord !  
- Mais, mais…
- Et, puis… depuis quand Dieu existerait-il ? Eh, oh ! On se réveille !
Mes amis auront reconnu Américo le plus grand mécréant de la terre… que dis-je, le parfait athée de l’univers dans toute sa splendeur. On se demande encore comment il peut être si humain.
- Américo ! Oh ! T’es une bonne poire.

- Toi-même, abruti !
- Donc, tu n’aimes pas les psaumes parce que Dieu, à ce que tu crois…
- …existerait ? Aux dernières nouvelles ? Compte là-dessus et bois de l’eau fraîche, et puis, on s’en fout ! Laisse tomber.
- Si je te comprends, rien n’existerait pas parce que tu ne le vois pas. Exact ?
- Tout juste : Dieu c’est rien. Je ne te le fais pas dire ! Rien de rien c’est mois que rien ! Qui, lui n’existe pas !
- Mais rien a une existence réelle, même si tu ne le vois pas puisque le concept existe. Pareil pour Dieu.
- Gilou, tu fatigues !

Heureusement qu’Américo aime la musique et la poésie et moi, comme j’aime chanter mes psaumes…Par contre, la langue de mes poètes antiques.
- Comment ils s’appelaient, tes copains ?
- Clément Marot et Théodore de Bèze ?

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